Dans une interview exclusive avec Juno7, Eliezer Guérismé, Directeur Artistique du Festival en Lisant, partage des détails captivants sur la 9e édition de cet événement culturel. Il aborde la programmation, les ambitions futures et les perspectives de ce festival littéraire et théâtral, qui vise à promouvoir le théâtre et les échanges culturels en Haïti.
Juno7 : Pouvez-vous nous présenter brièvement le “Festival en Lisant” et nous rappeler ses objectifs ?
Eliezer Guérismé : Le Festival en Lisant, créé en 2016, a pour objectif de promouvoir et de vulgariser les écritures dramaturgiques. Depuis sa fondation, nous avons mis en lumière les œuvres d’auteurs et d’autrices talentueux, en les faisant jouer par les meilleurs comédiens du pays. Ce festival unique permet aux dramaturges de voir leurs textes interprétés dans un cadre qui célèbre leur écriture et les thèmes qu’ils explorent. Parmi les auteurs à l’honneur, nous avons présenté les œuvres de Gaëlle Bien-Aimé, Guy Régis Junior, Andrise Pierre, Bernard-Marie Koltès et Jean-René Lemoine.
Juno7 : Comment la Brigade d’Intervention Théâtrale d’Haïti (BIT-HAITI) contribue-t-elle au développement du théâtre en Haïti ?
E.G : Le festival a joué un rôle important dans l’évolution de la scène théâtrale haïtienne. De jeunes auteurs émergent, et les œuvres dramatiques sont de plus en plus nombreuses et variées. Chaque édition permet la création de nouvelles mises en scène, enrichissant ainsi le répertoire théâtral national. De plus, nous nous engageons dans la formation avec nos ateliers “Lire et jouer,” où de nombreux jeunes acteurs ont débuté leur parcours. Nous sommes fiers de voir des talents, comme Daphena Remedor et Ricardo Boucher, évoluer au sein de notre festival et dans la scène théâtrale haïtienne.
Juno7 : Pourquoi avoir choisi le thème « Et si c’était la fin » pour cette 9e édition ? Que signifie ce thème pour vous ?
E.G : « Et si c’était la fin… » symbolise à la fois une fin et un renouveau. Avec notre riche patrimoine culturel, Haïti et le monde ne peuvent disparaître sans laisser une empreinte de résilience. Ce thème invite à rêver d’un avenir meilleur et à croire en un idéal collectif. Cette édition se veut un festival théâtral et artistique engagé, où l’on aspire à la fin des guerres, de la faim, et des crises politiques, et au début d’un monde nouveau.
Juno7 : Comment ce thème se reflète-t-il dans les spectacles et activités du festival ?
E.G : La programmation de cette 9e édition résonne fortement avec le thème. Les pièces abordent les conflits armés et les drames humanitaires qui secouent notre monde, comme “Incendies” de Wajdi Mouawad, qui traite des conflits au Proche-Orient, et “Ça ne passe pas” de Claudine Galea, qui évoque les tragédies humaines en Méditerranée. En Haïti, les textes choisis résonnent également avec les difficultés locales, rappelant les effets dévastateurs de la violence.
Juno7 : Le festival se tiendra cette année dans un nouveau lieu, “EN LISANT STUDIO THÉÂTRE.” Pouvez-vous nous en dire plus sur cet espace ?
E.G : Ce nouvel espace devient notre quartier général, un lieu de rendez-vous pour le public du festival. Il abritera des lectures-spectacles, des conférences, des ateliers de formation et des expositions. Situé au 10, rue des Marguerites à Turgeau, cet endroit est conçu pour être un espace de création et de rencontres entre les artistes et le public.
Juno7 : Quels sont les moments forts de la programmation cette année ?
E.G : L’un des moments forts de cette édition est la participation d’artistes internationaux venant de Belgique, de France, de Guadeloupe et des États-Unis. Nous nous réservons encore les noms, mais leur présence apportera une dimension internationale au festival.
Juno7 : Quelles autres activités sont prévues pour enrichir l’expérience des participants ?
E.G : En plus des représentations théâtrales, nous proposons des projections cinématographiques, une exposition de peinture et un concert pour clôturer le festival. Ces événements visent à diversifier l’expérience culturelle de nos participants.
Juno7 : Comment sont sélectionnées les pièces et les auteurs pour le festival ?
E.G : La sélection s’appuie principalement sur la thématique du festival ou l’invité d’honneur de l’édition. Cette année, nous avons décidé de ne pas avoir d’invité d’honneur, mais le thème fort guide notre choix des œuvres.
Juno7 : Quel public visez-vous, et quelles initiatives encouragez-vous pour attirer de nouveaux spectateurs ?
E.G : Nous invitons tout le monde : jeunes, étudiants, universitaires, professionnels et amoureux du théâtre. Notre programme « Les scolaires » cible particulièrement les jeunes et organise des activités dans les écoles. Nous prévoyons également d’intervenir dans les camps de déplacés pour offrir aux adolescents des ateliers et des spectacles, en renouant avec notre programme “Teyat kwape vyolans.”
Juno7 : Quels défis rencontrez-vous dans l’organisation du festival ?
E.G : Les principaux défis sont le manque d’infrastructures adaptées et les difficultés de financement. Il y a peu de salles de théâtre équipées à Port-au-Prince, et le matériel pour la lumière et le son est limité. Cela réduit notre capacité à réaliser des productions ambitieuses. De plus, la recherche de financements reste un défi constant, avec des partenaires qui ne nous soutiennent pas toujours régulièrement.
Juno7 : Comment envisagez-vous l’évolution du festival dans les années à venir ?
E.G : Nous souhaitons étendre le festival en accédant à des lieux plus vastes et mieux équipés, afin d’accueillir davantage de spectacles et de toucher un public plus large.
Juno7 : Quel message souhaitez-vous adresser au public pour l’inviter à cette édition ?
E.G : Cette édition est une réponse aux enjeux actuels. Nous vous attendons avec impatience du 9 au 19 décembre à l’Institut Français et au Studio Théâtre En lisant. Venez découvrir des spectacles de grande qualité et partager avec nous cette aventure artistique !
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