Il n’est un secret pour personne, la crise socio-économique et politique haïtienne est gangrenée. Depuis le commencement de cette semaine des foyers de violence ont pris corps dans presque tous les départements du pays. Ce vendredi 27 septembre, la situation s’est empirée. La tension a été généralisée. Port-au-Prince, Cap-Haïtien, Gonaïves, Saint-Marc, Jacmel, Cayes, Mirebalais entre autres grandes villes du pays ont été en ébullition durant cette journée de manifestations : des commissariats de police attaqués et pillés, des entreprises privées et des bâtiments publics incendiés et pillés par des protestataires réclamant la démission de Jovenel Moïse.
Et, les évêques catholiques de plus en plus inquiets ont appelé Jovenel Moïse à tirer les conséquences de son incompétence.
« Aucun peuple ne doit accepter la misère, la pauvreté et la violence de manière défaitiste. Donc, les plus hauts responsables de l’État doivent assumer leurs responsabilités pour garantir la bonne marche du pays et des institutions ; ils sont moralement responsables de la sécurité et du bien-être de la population. Et, en premier lieu, le président de la République », ont-ils souligné dans une lettre dont l’agence en ligne Juno 7 a reçu une copie.
Dans cette lettre de positionnement, les évêques haïtiens prophétisent des jours plus sombres pour le pays si rien n’est fait dès maintenant. Selon les prélats, si le pays est à feu et à sang, c’est à cause de l’irresponsabilité de nos dirigeants.
« Comment peuvent-ils ne pas savoir ce que tout le monde sait ? Dans un sursaut de prise de conscience qu’ils mesurent l’ampleur de leurs échecs accumulés et en tirent les conséquences. C’est maintenant qu’ils doivent agir pour changer la vie en Haïti. Demain sera trop tard », se sont-ils alarmés
Les responsables de l’Eglise catholique haïtienne dénoncent, toujours dans cette lettre, les actuels dirigeants, élus et responsables politiques du pays qui, malgré leurs appels répétés depuis bientôt deux ans sur la détérioration de la situation socio-économique et politique du pays, font fi de leurs avertissements.
« Les actuels dirigeants, élus et responsables politiques d’Haïti restent sourds, occupés à gérer leur pouvoir, leurs privilèges et leurs intérêts mesquins. Pendant ce temps, certains secteurs continuent de s’enrichir sur le dos des pauvres qui ne peuvent ni manger ni payer la scolarisation de leurs enfants », se sont-ils insurgés.
De l’avis de la Conférence des évêques, « le peuple doit s’unir pour dérouter l’insécurité, la corruption, l’impunité, la violence et tous les germes de mort ». Avant de conclure : « C’est comme si nous étions en état de guerre fratricide. Nous en sommes arrivés là à cause du comportement des élus et des dirigeants. Ce n’est plus le moment de clamer que nous sommes tous coupables. Ce n’est pas la vérité. Ni de dire que nous condamnons la violence d’où qu’elle vienne ; elle a une origine » précisent les évêques catholiques.
Dieudonné ST CYR