Histoire

« Je ne veux pas quitter Haïti et je compte me battre pour mon avenir, ma famille et mon pays »

« Je ne veux pas quitter Haïti et je compte me battre pour mon avenir, ma famille et mon pays ».

Vautré sur une chaise en paille, sur la cour de l’école de droit des Gonaïves, Luis-Jean Gutchens, étudiant finissant, raconte son désespoir face à la situation actuelle du pays. « Je suis fatigué de voir notre pays livré aux gangs armés, fatigué de voir notre État affaibli et incapable de fournir les services de base à la population. J’ai travaillé dur pour obtenir mon diplôme de droit, mais je réalise tous les jours que je ne pourrai pas exercer mon métier dans un pays devenu une entité chaotique ingouvernable »

Gutchens fait partie de cette génération de sacrifiés qui, après avoir fait de longues études, connaitra les affres du chômage très tôt. Chaque année, des milliers de jeunes diplômés sont piégés par la spirale infernale de pauvreté, de violence et de chaos qui tenaille Haïti depuis des décennies. « Que faire ? » C’est la question qui hante les esprits de nos jeunes diplômés dont l’avenir semble ailleurs qu’en Haïti.

Plusieurs quittent le pays par tous les moyens. Légalement ou illégalement. Par mer, terre ou air. Certains résistent en attendant des jours meilleurs et en misant sur une solution à la crise haïtienne. Gutchens en fait partie. Malgré son amertume et son désespoir, il reste optimiste préférant croire que la débâcle actuelle n’est que provisoire. Il lâche sur un ton résigné « Un pays ne meurt pas. Je veux m’accrocher. Si nous partons tous, qu’adviendra-t-il d’Haïti ? Je veux croire que cette descente aux enfers se terminera un jour pour qu’Haïti trouve un jour la voie de la stabilité et du progrès ».

Ses yeux brillent lorsque Gutchens interpelle les jeunes de sa génération. Ses propos deviennent alors cinglants et son ton est ferme. « Nous devons nous unir et faire pression sur nos dirigeants pour qu’ils prennent leur responsabilité. C’est notre droit et notre devoir d’exiger au moins la sécurité des vies, au moins un minimum de stabilité pour cette reprise économique tant espérée. Trop, c’est trop !  »

Comme beaucoup de ses copains à la faculté, Gutchens navigue entre espoir et désespoir. Mais il reste déterminé à jouer sa partition dans l’Haïti de demain. Il est aidé par ses parents qui sont cultivateurs dans l’Artibonite et des parents dans diaspora qui l’aident financièrement. Son histoire est celle de milliers de jeunes qui gardent espoir et qui sont prêts à se battre pour leur avenir, leur famille et leur pays.

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