Jean Baden Dubois parle des actions entreprises pour stopper l’hémorragie de la gourde à l’émission spéciale de Kesner Pharel en début d’année.
Port-au-Prince , Haïti .- L’économiste Kesner Pharel a reçu, le 2 janvier, à l’Espace Leslie Delatour le Gouverneur de la BRH, Jean Barden Dubois. Ils ont discuté de plusieurs thématiques tels que le taux de change, la productivité de la banque centrale, les questions macro-économiques du pays. Pour Jean Baden Dubois, la banque centrale particulièrement a fait face à de nombreux défis à la fois conjoncturelle et structurelle. Mais en dépit de tout, elle a été proactive au courant de l’année 2019-2020.
Au cours de l’année écoulée, il y a eu beaucoup de défis parce qu’après les évènements de pays lock on a eu la pandémie du coronavirus qui a durement touché l’économie mondiale dont celle d’Haïti. Le gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH) Jean Baden Dubois pour prouver l’omniprésence de l’institution dans les questions qui la concerne a avancé le fait que la BRH n’avait jamais fermé ses portes durant les périodes de turbulences politiques ni à cause de la Covid-19.
« La BRH cette année a donné des réponses conjoncturelles aux problèmes tout en posant les bases pour résoudre les problèmes structurels. Elle a aussi montré sa solidité face aux challenges. Tout le staff de la banque centrale a travaillé même en temps de pandémie de covid-19 et de pays lock pour produire des analyses et études afin de permettre à l’institution de prendre des décisions appropriées », a déclaré Jean Baden Dubois qui a fait le souhait pour cette année 2021 de mettre Haïti sur la voie de la transformation socio-économique.
Taux de change
Réagissant sur le fait qu’au cours de l’année 2020 la gourde a connu la plus forte dépréciation de l’histoire avec 123 gourdes pour un dollar sur une très courte période (entre avril à juillet) le gouverneur classé personnalité de l’année par Le Nouvelliste reconnaît que le taux de change est devenu un sujet d’actualité malgré ses différences avec la politique monétaire.
« C’est bien dommage parfois qu’on ramène la politique monétaire au taux de change qui est l’un de ses variables. Nos travaux de recherches à la banque centrale ont prouvé que nous avions eu une dépréciation de 28% qui ne reflétaient pas les indicateurs macroéconomiques. Durant cette période la balance des comptes courants affichait un solde positif de 700 millions de dollars américains », a-t-il expliqué.
Devenue question centrale de l’économie haïtienne tant la population a connu des jours sombres avec la montée vertigineuse du dollar et l’augmentation du coût de la vie, la BRH a été très présente à travers ses actions pour tenter de stabiliser le taux de change. Toujours selon le gouverneur, en pleine période de pandémie, les importations annuelles étaient passées de 4.5 à 3.7 milliards de dollars et les transferts sans contrepartie de la diaspora avaient augmenté de 18 %. Des indicateurs qui ne convergeaient pas vers une dépréciation de la gourde. Alors la seule explication logique résultait de la spéculation abusive de la part des banques commerciales.
« Les années précédentes, les autorités monétaires ne pensaient pas que ces banques pouvaient spéculer autant. Il fallait que les autorités trouvent un moyen de contrer ces spéculations. Parmi les décisions prises, la banque centrale avait intensifié les contrôles et vérifications en allant jusqu’à pénaliser sévèrement certaines banques commerciales.
Elle avait également mis beaucoup plus de dollars sur le marché tout en renforçant son cadre réglementaire à travers la publication de 12 circulaires additionnelles ainsi que la modification des taux directeurs et des coefficients de réserves obligatoires. Aussi, obligation a été faite aux maisons de transfert ou les sous-agents de payer les transferts dans la monnaie nationale en vue de maintenir la stabilité du taux de change », a poursuivi M. Dubois.
De plus, il rappelle que les plus hautes autorités politiques du gouvernement s’étaient également mêlées de la partie pour engager le processus de dédollarisation de l’économie haïtienne avec l’imposition de l’affichage des prix en gourdes.
Aussi la fermeture de l’année fiscale dès le 4 septembre avait joué un rôle important ainsi que les protocoles d’accord signés avec le ministère de l’économie et des finances pour contrôler les dépenses publiques. Sans le support du gouvernement et du président de la République pour faire respecter l’affichage des prix en gourdes, ajoute le gouverneur Dubois, jamais il n’y aurait eu cette baisse significative du taux de change en septembre 2020.
Le gouverneur de la banque centrale estime par ailleurs qu’il a tout intérêt à agir sur les indicateurs macroéconomiques pour freiner la dépréciation de la gourde qui engendre à coup sûr l’augmentation du coût de la vie et l’insécurité alimentaire. Ainsi l’objectif de la BRH est de stabiliser en permanence le taux de change. Par conséquent pour avoir cette gourde forte et stable. la banque centrale essaie d’intervenir à la fois sur les problèmes conjoncturels comme les interventions sur le marché de changes et les problèmes structurels tels que le programme monétaire pro-croissance, le financement des petites et moyennes entreprises.
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