La baisse du taux de change a un effet lent sur les prix des produits sur le marché, affirme le gouverneur de la BRH,Ronald Gabriel.
Intervenant au «grand rendez-vous économique», émission réalisée en début d’année, le gouverneur de la banque de la République d’Haïti a expliqué l’incidence de la baisse du taux de change sur les prix des produits sur le marché et l’inflation en générale. Selon lui, le taux de change n’est pas suffisant à lui seul de faire dégringoler l’indice des prix à la consommation dans le pays si on fait une analyse économique plus poussée. Il serait bien réducteur de dire que le taux de change a baissé pourquoi les prix ne suivent pas la même courbe.
Ronald Gabriel, d’un ton calme et serein, dans cet exercice, a cherché à faire école pour le commun des mortels en expliquant, par des termes pourtant pas si simples, l’indicateur pass-trhough coefficient, théorisé par John Taylor (en 2000), selon lequel un environnement faiblement inflationniste entraîne une faible répercussion du taux de change sur les prix intérieurs. Pour le gouverneur de la BRH, la dépréciation de la gourde aurait été bénéfique pour le pays en termes de compétitivité des prix. Mais Haïti a une économie qui «n’est pas totalement concurrentiel» ce qui ne s’y prête pas aux analyses ordinaires.
« Il y a une asymétrie des informations sur le marché ce qui explique que les agents économiques ne sont pas nécessairement informés de la fixation des prix sur tous les segments de marché pour le même bien. Si on arrive à un moment où l’information est partagée de manière globale complète, on va arriver à une situation d’accès à l’information égale; alors que l’agent économique peut se mettre à chercher les biens et les services pour un meilleur prix sur le marché», a-t-il indiqué soulignant au passage cette situation donne lieu à un marché oligopole c’est-à-dire un petit nombre de vendeurs, face à une demande forte entrainant une concurrence limitée et donc imparfaite.
L’économiste et gouverneur de la banque de la République d’Haïti a laissé comprendre qu’en fonction des caractéristiques du marché, «ce n’est pas tout de suite qu’une variation du taux de change à la baisse va avoir un impact sur la baisse des prix.» Les prix des produits ne baissent pas aussi facilement qu’ils augmentent, car, on prend en compte d’autres facteurs. Il faut un délai pour les ajuster. Toutefois, il a souligné que la tendance à la hausse a ralenti avec la baisse du taux d’inflation.
« On dénote de manière évidente une décélération des prix qui correspondent à une diminution de l’inflation qui s’explique par la diminution du rythme de l’accroissement des prix. En effet, l’effet de la baisse du taux de change sur les prix est lent (une inertie) mais dans le temps on constatera peut-être un meilleur ajustement des prix par rapport au taux de change même si les anticipations des vendeurs de biens, le manque de concurrence continueront d’avoir des impactes sur les prix», a détaillé le gouverneur Gabriel.
Par ailleurs, l’économiste Ronald Gabriel invite ses confrères économistes qui commentent l’actualité économique à ne pas réduire la discussion économique à un débat sur le taux de change. Si c’est vrai que le taux de change est important, tempère-t-il, mais il y a plein d’autres facteurs tout aussi importants dans l’analyse économique comme la stabilité des prix, l’emploi, les externalités externes et la croissance économique qui permettent de faire des analyses de performance et de projection.
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