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Éditorial

La commune de Pétion-Ville, une ville totalement désorganisée

éditorial ,Haiti

Pendant les fêtes de fin d’année les habitants de Pétion-ville, les chefs d’entreprises, les propriétaires des principaux hôtels du pays, tous ceux et celles qui utilisent cette commune comme point de passage pour se rendre à une autre zone de la région métropolitaine de Port-au-Prince ou tout simplement qui fréquentent régulièrement cette ville, autrefois résidentielle, ne peuvent ne pas avoir le mauvais souvenir de cette riche municipalité urbaine comme étant la plus salle, la plus désorganisée.

Depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010, la commune de Pétion-ville qui célèbrera cette année ses 185 ans, est transformée en un grand marché public, certaines rues peuvent être considérées comme étant un site de décharge tant elles sont jonchées de grosses piles d’immondices. Des marchands et marchandes en provenance de Delmas, Croix des Bouquets, Tabarre et Port-au-Prince qui ont trouvé refuge à Pétion-ville y ont établi leur base et depuis ils occupent tous les trottoirs, toutes les rues. De nouveaux marchands de vêtements usagés occupent la rue Geffrard où est logée le Collège Dominique Savio (les Salésiens) alors que l’ancienne mairesse de Pétion-ville, Claire Lydie Parent avec son équipe composée entre autres du maire principal actuel de Pétion-ville, Dominique St Roc avait aménagé un espace à la rue Darguin pour cette catégorie de commerçants du secteur informel. Qui ne se souvient pas du slogan suivi des actions de cette battante ? : « Fòk Petyon vil bèl, Fòk dezòd sispan n, fòk twotwa pou pyeton, lari pou machin n, mache pou machan n.»

Au début de son mandat, Dominique St Roc a tenté en vain de déloger les marchands et marchandes sur les trottoirs et dans les coins de rues de la commune de Pétion-ville dont les rues Grégoire, Lambert où se situent le tribunal de paix, la chapelle Saint Jean Bosco et aussi la résidence des pères Salésiens. Les rues Flambert, Geffrard et Rigaud regorgent quotidiennement du lundi au dimanche de marchands de produits de première nécessité, de fruits et légumes étalés sur des morceaux de tapis ou sur des sacs à même le sol, au milieu de piles d’immondices qui entravent la circulation des véhicules et aussi des piétons. Pétion-ville est devenue depuis quelques temps une sorte de Capharnaüm où se mélangent d’imposants édifices, de nombreux complexes commerciaux, des banques commerciales, les hôtels les plus prisés du pays et des bidonvilles dont les habitants en plus des marchés génèrent chaque jour des tonnes de fatras. Quel contraste !

Les autorités locales et municipales se confortent dans cette anarchie imposée par les marchands, les chauffeurs de camionnettes assurant les trajets Pétion-ville/Frères, Pétion-ville/ Delmas pour ne citer qu’eux. Les barrières d’entrée de plusieurs résidents de Pétion-ville sont bloquées par les tréteaux de petits détaillants, ils ne savent à qui s’adresser pour pouvoir circuler librement. Ne comptez pas sur l’administration communale actuelle, dirigée pourtant par un habitué de la mairie, Dominique St Roc pour avoir fait partie de l’équipe de Claire Lydie Parent et de celle de Yvanka Jolicoeur Brutus, pour une Pétion-ville digne de son fondateur et des anciens pétionvillois et pétionvilloises. Monsieur St Roc semble admettre avoir perdu la bataille et accepte de livrer la ville aux marchandes sans aucune tentative intelligente de récupérer les espaces perdus.

Au début de cette année, nous avons entendu les mêmes refrains du maire principal, Dominique St Roc. « Nous regrettons des cas d’accidents survenus dans la commune de Pétion-Ville pendant les fêtes de fin d’année à cause des marchands qui occupent les trottoirs et les rues. Les piles d’immondices qui jonchent certaines rues de la commune sont une politique.» Mais à contrario, quelle est la politique de la mairie ? Au regard de ces complaintes, c’est comme si la mairie n’avait pas la charge d’administrer la commune en prenant des mesures pour construire de nouveaux espaces pour loger ces marchands, d’organiser de concert avec la police routière les aires de débarquement et d’embarquement, d’assurer la gestion des déchets… Depuis trop longtemps nos administrations se plaignent à l’instar des administrés comme si leur mandat n’était pas de trouver des solutions à nos problèmes.

Parallèlement, nous avons l’impression que les pétionvillois, ceux qui vivent dans les hauteurs de cette commune, les familles les plus nanties, ceux qui habitent le centre ville, les bidonvilles, nos dirigeants qui viennent de nos villes les plus reculées du pays qui font de  Pétion-ville leur ville d’adoption ne se sentent pas dérangés, gênés  par cette désorganisation exagérée de la Cité. Les citoyens de façon passive, observent les dysfonctionnements de nos villes sans faire pression pour un renversement de la situation. Nous contribuons, sans le vouloir peut-être, à maintenir Pétion-ville dans cet état en refusant de remplir dans les normes nos obligations, en acceptant de nous procurer de nos produits alimentaires dans des conditions dans lesquelles seuls les porcs et les chiens sont confortables. Les femmes ou concubines de nos parlementaires, ministres, directeurs généraux…, descendent de leurs véhicules pour effectuer l’achat de légumes, de fruits, de vivres alimentaires auprès des petits marchands et marchandes qui étalent leurs produits en pleine rue à même le sol. Les servantes des familles de la classe moyenne font pareil. Sans nul doute, la seule belle tête de femme, membre du cartel de Pétion-ville n’agit pas différemment. Jan yo di fanm kap dirije gen lòd ak disiplin ! Nous n’encourageons pas avec autorité ceux et celles qui font l’effort de rester à l’intérieur des espaces aménagés pour eux.

Nous, administrés nous acceptons d’évoluer dans cette anarchie qui dépasse les bornes, imposée par les marchands et les chauffeurs indisciplinés qui nous poussent nous et nos enfants, nos écoliers, les vieillards… à circuler au beau milieu des rues parce que les trottoirs sont obstrués par des marchandises de toutes sortes. Nous nous résignons que les portes d’entrée de nos maisons pour lesquelles nous payons chaque année l’impôt locatif, communément appelé CFPB (Contribution Foncière et des propriétés bâties) nous soient interdites d’accès. Nous n’exigeons rien, ni des autorités municipales ni de la police routière. Nous mangeons, circulons au milieu des déchets comme si c’était la norme. Citoyens, citoyennes de Pétion-ville, adoptés de la ville, visiteurs, passants, commerçants, propriétaires d’hôtels… nous méritons mieux que ça. A quand un réveil citoyen à Pétion-ville pour pousser les responsables à assumer leurs prérogatives de gérer la cité

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