La crise sociopolitique qui perdure et qui affecte les couches les plus vulnérables de la population pousse la Conférence des Évêques à appeler les acteurs à faire ce qu’elle des coûteuses concessions pour le plus grand bien du peuple et du pays.
« En ces moments où la barque nationale est en péril, il est urgent d’arriver à une solution historique. Elle doit être effectuée au prix de coûteuses concessions de part et d’autre pour le plus grand bien de ce peuple et de ce pays que nous aimons tous » a écrit la Conférence des Évêques de l’Eglise Catholique.
Les prélats de l’Eglise Catholique ont souligné que le pays est à un tournant historique de son évolution comme peuple et nation pour changer le régime et le système. « Vous les tenants du pouvoir actuel, face à votre fonction et votre mandat, pour parvenir à cette solution salutaire, quelles concessions comptez-vous faire? Se demande la CEH rappelant aux tenants du pouvoir que ce cela ne suffit pas d’acquérir un mandat, il faut le mériter, insistent les Évêques.
Ils encouragent aussi les membres de l’opposition à faire des concessions. « Et vous, membres de l’opposition, pour mériter d’être comptés comme acteurs de cette grande solution historique, quelles concessions allez-vous faire dans votre approche et votre stratégie ? L’histoire vous le revaudra… Rien n’est trop coûteux pour un vrai politique, lorsqu’il s’agit d’une décision d’envergure pour le bien supérieur de la patrie » estiment les prélats.
Par ailleurs, les Évêques de l’église catholique d’Haïti sympathisent avec les victimes des derniers évènements socio-politiques.
« Nous compatissons à la douleur et aux souffrances des victimes de toutes sortes des derniers événements, particulièrement les familles endeuillées, les personnes hospitalisées, les gens qui ont perdu leurs biens ou sont contraints d’abandonner leur demeure », ont-il déploré. « Nous vous exprimons notre admiration pour votre foi, votre courage, votre résilience et votre détermination invincibles dans votre lutte patriotique et votre combat citoyen en vue d’un changement véritable au sein de la société haïtienne ».
Les Évêques de l’église catholique en Haïti croient dure comme fer que ce changement doit amener à une Haïti nouvelle, libérée des maux coutumiers qui l’ont toujours affectée et qui atteignent aujourd’hui une intensité intenable. Ils citent les grands handicaps qui minent ce pays : « la corruption, le chômage, la misère, l’insécurité, l’exclusion, l’impunité, la délinquance morale, la manipulation, la répression et la violence ».
Pour eux, cette condition d’existence n’est pas la volonté de Dieu. « Le système voulu par Dieu et que nous désirons est celui qui tient compte du Bien Commun, du bien-être de tous les citoyens en leur offrant d’égales opportunités pour qu’ils se réalisent comme personne humaine faite de dignité, ont-il souligné. Ce système est aussi attentif aux souffrances des plus vulnérables et des petits en promouvant leur développement intégral, et met en place des mécanismes qui favorisent une répartition juste des richesses ».
« il est inadmissible que quelques-uns se vautrent dans une opulence arrogante et scandaleuse et que l’immense majorité croupisse dans une misère honteuse et révoltante » dénoncent les Évêques de l’Eglise Catholique.
« Nous sommes à un tournant décisif de notre histoire. Vos cris, votre clameur et votre colère traduisent votre aspiration à un changement en profondeur qui n’est pas simplement ponctuel et conjoncturel, mais structurel et systémique. Les revendications que vous voulez faire passer sont justes et légitimes », ont conclu les Évêques dans un message à l’occasion de la Noël.
Émmanuel Thélusma
