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Lancement par la Fondation AfricAméricA de l’exposition « Nway Kanpe » le samedi 12 mars 2022 à Bois-Verna
La Fondation AfricAmerica a procédé le samedi 12 mars 2022 au lancement de l’exposition « Nway Kanpe » à la Maison Dufort, Bois-Verna, lors d’une cérémonie animée par le journaliste et maitre de de cérémonie Michel Joseph. Ce projet vise à sécuriser les lieux de création et de transmission existants dans la communauté artistique et artisanale du village de Noailles par la sensibilisation des autorités locales et nationales et des actions à impact immédiat sur les revenus des ateliers.
Ce projet qui entend également lutter contre la paupérisation du village est une exposition d’œuvres anciennes et récentes d’artistes confirmés tels Jean Eddy Rémy, Falaise Peralte et Jean Anderson Bellony. Ce dernier exposera à titre posthume. Il a été assassiné le 13 octobre 2021.
Prenant la parole dans le cadre de cette cérémonie, le commissaire de l’exposition, Maxence Denis, a rappelé que « Nway Kanpe » [Noailles débout] est une réalisation conjointe de la fondation AfricAméricA dont il est le directeur et Tamise. Le projet a reçu également le support de la Banque Caribéenne de Développement (CDB), de l’ambassade de Suisse en Haïti et de Fokal, entre autres.
M. Denis a souligné que cette exposition arrive dans un contexte assez difficile. « Depuis deux ans, AfricAméricA a lancé un plaidoyer pour la sauvegarde de ce patrimoine exceptionnel d’Haïti et de la Caraïbe qu’est le village artistique de Noailles, un foyer de plus de 75 ateliers d’artistes en fer découpés qui représente un joyau exceptionnel et un trésor pour le pays », a-t-il déclaré.
Le responsable a indiqué également que cette édition est le fruit d’un travail de longue haleine. « Cette exposition a été réalisée non sans difficultés. Elle représente le travail de plus d’une dizaine d’années de ces trois artistes », a fait savoir M. Denis qui dit espérer que l’exposition sera pleinement appréciée de tous.
Créée en 1999, la Fondation AfricAméricA est le premier collectif de professionnels en arts visuels d’Haïti. Elle accompagne depuis 2004, dans une perspective de développement durable, la communauté du village artistique de Noailles regroupant 4 sanctuaires vodou, plus de 80 ateliers, 300 foyers de sculpteurs détenteurs d’une tradition unique, originale, le « fer découpé ».
Face à la situation confrontée par le village des Noailles, l’idée était de voir comment l’ambassade de suisse pouvait appuyer cette communauté, isolée à cause de l’insécurité qui sévit à Port-au-Prince mais aussi faire connaître les œuvres créées à l’intérieur, a, de son côté, fait savoir le Chargé d’Affaires de l’ambassade, M. Fabrizio Poretti.
« Si l’on ne peut pas aller là-bas [Croix-des-Bouquets] afin de voir ces œuvres, les acheter, les admirer, l’idée de ce programme c’est de faire connaître un peu plus les merveilles que vous [les artistes qui exposent] faites et aussi comment vous appuyer financièrement. ll y a beaucoup de gens qui travaillent et qui ne savent pas quand ils vont vendre quelque chose et entrer quelque chose pour leur famille, leur bien-être », a déclaré M. Poretti.
En plus des autres axes de coopération entre son pays et Haïti, le chargé d’affaires a promis de continuer à soutenir la culture dans le pays. « La culture a un rôle crucial dans la coopération. Il y a certes d’autres axes comme l’agriculture, la reconstruction du Sud, mais la culture est vraiment un pont qui peut permettre d’appuyer les artites, de faire connaître Haïti avec d’autres facettes », a-t-il déclaré.
« L’ambassade de suisse en Haïti est entièrement aux côtés des artistes et il veut rendre un hommage permanent aux artites haïtiens et soutenir la créativité. J’espère que ce désir va gagner d’autres bailleurs de fonds », a-t-il ajouté.
M. Poretti a aussi invité le public à visiter les locaux de l’ambassade où sont déjà exposées des œuvres d’artistes haïtiens. « Chez nous, à chaque étage, il y a des décorations faites par les artisans du village. C’était quelque chose qu’on avait commencé avant », a indiqué le Chargé d’affaires.
Dans son allocution, le directeur de l’Association des Artistes et Artisans de Croix-des-Bouquets (ADAAC), Jean Eddy Rémy, a exprimé sa joie de pouvoir exposer ses œuvres dans le cadre de cette exposition. Il en a profité pour remercier la fondation AfricAméricA, le musée Georges Liautaud ainsi que les bailleurs ayant contribué à la réussite de ce projet.
« Lorsqu’un artiste n’est plus en mesure de montrer ses œuvres, il peut expérimenter de la frustration. Lorsqu’il ne vend pas, c’est un autre problème », a dit M. Rémy pour tenter d’expliquer la situation des artistes et artisans du village des Noailles. « Cela faisait longtemps que nous gémissions en raison de l’absence d’activités culturelles. Il n’ y avait plus d’espaces où montrer nos œuvres, les galeries étaient fermées », a déclaré le numéro de l’ADAAC.
Pour un artiste, pouvoir présenter ses œuvres est une occasion d’entrer en communion avec son public, selon M. Rémy. « C’est un moment durant lequel l’artiste reçoit aussi des critiques qui lui permettront d’avancer. L’artiste n’est jamais vraiment satisfait de son travail », a-t-il expliqué.
Saluant le travail et le courage des autres exposants, M. Rémy en a profité pour soulever les dificultées auxquelles font face les artistes haïtiens, particulièrement ceux du village des Noailles, à cause de la situation du pays. « Les travaux sont là mais le village est vide, a-t-il déploré. Certains artisans se sont reconvertis en chauffeurs de taxi moto. D’autres ont quitté le pays et se sont rendus en République dominicaine, au Brésil, au Chili. »
Signalons qu’après le vernissage de ce samedi 12 mars, les expositions resteront ouvertes tous les jours jusqu’au 31 mars de 10h AM à 5h PM.