Dans une note d’information, le MAEC explique aux chefs de mission diplomiques et postes consulaires les dernières mesures économiques du gouvernement
Dans l’objectif de faciliter l’harmonisation des éléments de langage des diplomates sur l’économie du pays, dans un contexte de fin d’année fiscale 2019-2020, le Ministère des Affaires Étrangères et des Cultes (MAEC), dans un document explicatif adressé ce mercredi 30 septembre aux Chefs des Missions Diplomatiques et Postes Consulaires, fait un résumé des efforts entrepris par l’Administration MOISE-JOUTHE pour un réel redressement de l’économie nationale. Dans ce document adressé spécifiquement à ceux qui ont en charge les sections politiques et économiques des Missions, le MAEC souligne entre autres l’injection des 150 millions de dollars américains sur le marché en vue de stabiliser le taux de change et revaloriser la gourde.
Lisez in extenso le contenu du document explicatif adressé par le MAEC aux missions diplomatiques.
Le Ministère des Affaires Étrangères et des Cultes (MAEC) présente ses compliments aux Chefs de Missions Diplomatiques et Postes Consulaires et a l’avantage de soumettre à leur attention un document explicatif sur la situation actuelle de l’économie de la République d’Haïti, notamment en ce qui concerne l’appréciation de la monnaie nationale (la Gourde) par rapport au Dollar Américain.
Ce document est réservé à usage diplomatique. Son objectif est de faciliter l’harmonisation des éléments de langage des diplomates sur l’économie du pays, dans le contexte de la fin de l’année fiscale 2019–2020. Il vise à permettre aux diplomates haïtiens, en particulier ceux qui ont en charge les sections politiques et économiques des Missions, d’avoir une lecture éclairante sur la situation économique et, au besoin, partager ces informations avec leurs interlocuteurs. Son objet est aussi d’informer les Missions des efforts entrepris par l’Administration MOISE-JOUTHE pour un réel redressement de l’économie nationale.
AUX MISSIONS DIPLOMATIQUES ET POSTES CONSULAIRES.-
La situation
Depuis le début de l’exercice fiscal 2019-2020, l’environnement macroéconomique d’Haïti est marqué par une forte inflation. En effet, en juillet 2020, selon les dernières données publiées par l’Institut haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI), l’inflation en glissement annuel a atteint la barre de 25.7% ; soit le niveau le plus élevé observé depuis août 2005. Ce niveau d’inflation est fondamentalement lié à l’évolution généralement haussière du taux de change. Le taux de référence de fin de période publié régulièrement par la Banque de la République d’Haïti (BRH) est en effet passé de 91.7459 en octobre 2019 à 119.6463 en juillet 2020 ; soit une perte de valeur de 30.41% pour la Gourde sur la période.
Il n’est pas très difficile de constater l’existence d’une corrélation positive entre les taux de change et d’inflation. Autrement dit, la hausse du taux de change de la Gourde par rapport au Dollar Américain participe à la détérioration des conditions de vie de la population du fait des pertes de pouvoir d’achat qui en résultent. L’État haïtien, conformément à son rôle de Régulateur de l’activité économique, ne saurait ne pas prendre des mesures correctives face aux fluctuations indésirables du taux de change ; le but ultime du Gouvernement étant l’amélioration des conditions de vie des compatriotes haïtiens.
Les mesures adoptées par l’État haïtien
Différentes mesures correctives ont été prises par la BRH et le Gouvernement haïtien. Du côté de la BRH, elles ont été les suivantes :
1. Des interventions jusqu’à concurrence d’un montant de cent cinquante millions de dollars américains (150,000,000.00 $ ÉU) sur le reste de l’exercice fiscal à compter du 10 août 2020 ;
2. Des pénalités accordées à deux banques commerciales de la place pour avoir violé certaines normes prudentielles visant un meilleur contrôle et une bonne régulation du marché des changes ;
3. La circulaire 114-2 qui définit les normes relatives aux transferts de fonds internationaux sans contrepartie pour, entre autres, mitiger le risque de rareté de numéraire en dollars.
Ces mesures sont venues renforcer l’évolution favorable et significative de certains fondamentaux clés devant jouer un rôle fondamental dans la baisse du taux de change en Haïti, et dont les effets ne se sont pas répercutés. Il s’agit notamment :
a) des transferts privés sans contrepartie qui ont crû de 44.4 % sur la période allant de mai à août 2020 comparé à la même période de l’exercice antérieur ;
b) des importations qui ont reculé de 41.6% sur la période allant d’avril à juillet 2020 comparé à la même période en 2019.
En ce qui concerne le Gouvernement, il a été décidé de ne pas engager certaines dépenses sur l’exercice au-delà de 04 septembre 2020 ; ce pour limiter le déficit budgétaire et donc le financement monétaire lequel est susceptible d’influer sur le taux de change. Dans la même lignée, il faut rappeler que les efforts entrepris par le Gouvernement pour une mobilisation efficace de recettes ont permis au pays de bénéficier d’un don de 33,215 millions d’euros au titre du Programme Haïtien à réforme de l’État (SBC20). Ce don aide également à limiter le déficit en dépit des dépenses que la Covid-19 a nécessitées. Des dispositions pour que les prix sur tout le territoire national soient libellés en Gourde ont été également prises. Il s’agit de la dédollarisation nécessaire du commerce pour essayer de diminuer la pression sur la demande de dollars.
Par ailleurs, les réflexions autour de l’implémentation du « Plan de Relance Économique Post Covid-19 pour la période 2020-2022 (PREPOC 2020-2022) » participent de la volonté de l’Administration Moïse-Jouthe à tout mettre en œuvre en vue de remettre l’économie nationale sur le sentier de la croissance économique et la stabilisation des prix.
Les inquiétudes infondées des responsables d’entreprises
Des responsables d’entreprises expriment cette semaine leurs inquiétudes par rapport à l’appréciation de la monnaie nationale et laissent comprendre que cette appréciation n’aura que des effets négatifs sur l’économie. À ce sujet, contrairement aux idées mises en avant, les prix de certains produits ont évolué à la baisse ces derniers jours, suite à la baisse du taux de change. A juste titre, l’article « Léogâne : baisse des prix de quelques produits, entre 65 et 70 gourdes pour un dollar » paru dans les colonnes du journal Le Nouvelliste du 23 septembre 2020 retrace les retombées de l’appréciation de la Gourde sur la baisse de certains prix de produits à Léogane. L’Administration MOISE-JOUTHE entend renforcer la dynamique existante en vue de créer un cadre macroéconomique stable et générateur de prospérité pour tous les pans de l’économie nationale.
L’État haïtien, tout en jouant son rôle de Régulateur dans cette économie souvent déstabilisée par la spéculation et par des troubles socio-politiques entretenues par des oligarques, entend favoriser le développement d’entreprises dont les industries. L’implication du Gouvernement dans les séries de négociation entérinant le renouvellement du « Caribbean Basin Trade Partnership Act (CBTPA » exprime en effet la foi l’Administration dans une industrie haïtienne forte et prospère.
Cela s’ajoute donc aux mesures incitatives de l’État haïtien, à travers le code des investissements, visant la promotion des zones franches et des parcs industriels. Des avantages fiscaux, tarifaires, ainsi qu’une fenêtre de refinancement sont offerts en vue d’accompagner les entreprises dans ce secteur et à renforcer du même coup leur compétitivité vis-à-vis de la concurrence étrangère. Cependant, l’objectif de développement industriel recherché devra se faire dans un esprit d’équité et non pas aux dépens de certaines couches sociales du pays, surtout celles défavorisées dont le pouvoir d’achat ne cesse d’être rongé par le niveau d’inflation historiquement élevé.
Contrairement aux idées faisant croire qu’une Gourde faible rendrait plus dynamique le secteur du textile, les données publiées par l’Association des Industries d’Haïti (ADIH) de juillet 2018 à juillet 2020 laissent entrevoir une autre considération. De juillet 2018 à mars 2020, la gourde s’est dépréciée de plus de 30% tandis que le nombre d’emplois générés par la sous-traitance n’a jamais atteint le seuil de 60,000 en Haïti. Le gain net d’emplois sur la période considérée, soit 20 mois, a été seulement de 4,882.
Graphique 1 : Emploi dans le secteur du textile
Tout compte fait, l’appréciation de la gourde n’est pas négative pour le pays. Les avantages offerts par le Gouvernement, la main d’œuvre disponible dans le pays, les bénéfices fiscaux offerts aux États-Unis aux produits venant d’Haïti par le biais du CBTPA sont autant d’atout qui font de la République d’Haïti une terre d’opportunités pour les entreprises qui souhaitent s’y installer. L’appréciation de la gourde va augmenter le pouvoir d’achat des Haïtiens et rendre effective la baisse substantielle des produits de première nécessité dans le pays. Cela rejoint l’aspiration de l’Administration MOISE-JOUTHE qui entend continuer à tout mettre en œuvre pour améliorer les conditions de vie de la population tout en créant un environnement des affaires plus attractif.
Le Ministère des Affaires Étrangères et des Cultes (MAEC) saisit l’occasion pour renouveler aux Chefs des Missions Diplomatiques et Postes Consulaires les assurances de sa considération distinguée.
Port-au-Prince le 30 septembre 2020
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