Les tensions institutionnelles s’intensifient entre le CPT et le gouvernement sur fond de crise nationale.
Les relations entre le président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Leslie Voltaire, et le Premier ministre Garry Conille semblent se détériorer, alimentant une nouvelle polémique institutionnelle en Haïti. Dans une récente correspondance adressée au chef du gouvernement, Voltaire conteste l’interprétation de la Constitution avancée par le Premier ministre concernant la convocation de la ministre des Affaires étrangères, des Cultes et des Haïtiens vivant à l’étranger, Dominique Dupuy. Le président du CPT affirme que la ministre disposait du temps nécessaire pour répondre à cette convocation et critique ce qu’il perçoit comme une entrave de la part du Premier ministre.
Dans sa lettre, Voltaire souligne que: « Les arguments avancés pour bloquer et entraver les actions du Conseil Présidentiel de Transition dans l’exercice de ses attributions sont sans fondement. Vos références constitutionnelles sont erronées. » Il conteste ainsi l’interprétation des articles 156 et 159 de la Constitution donnée par Conille, affirmant qu’ils ne confèrent pas au Premier ministre une autorité absolue sur les membres du gouvernement.
Voltaire rappelle également le rôle du CPT en tant que chef de l’État et du pouvoir exécutif, déclarant que: « Conformément à l’article 136 de la Constitution, le Conseil Présidentiel de Transition doit veiller au respect de la Constitution et à la stabilité des institutions. » Il insiste sur le fait que le CPT peut convoquer des membres du gouvernement sans consulter le Premier ministre au préalable, en vue d’obtenir des informations sur le fonctionnement des institutions publiques.
Concernant le délai accordé à la ministre Dominique Dupuy pour compiler les documents nécessaires, Voltaire souligne que: « Le temps alloué était suffisant, et toute allégation contraire est infondée. » Il rejette ainsi les objections concernant le manque de temps matériel pour la préparation des réponses.
Cette controverse intervient alors que le pays traverse une crise humanitaire aiguë, marquée par une insécurité galopante, des déplacements massifs, des pénuries alimentaires et des épidémies. Un analyste politique exprime ses préoccupations : « À l’heure où la priorité devrait être donnée à la sécurité, à l’organisation des élections, au retour à une stabilité constitutionnelle et à la protection des droits des déplacés, cette crise institutionnelle détourne l’attention des enjeux cruciaux. »
Les différends entre le CPT et le gouvernement risquent de fragiliser encore davantage l’État haïtien et de retarder la mise en œuvre de solutions indispensables pour sortir le pays de l’impasse actuelle. L’escalade de ces tensions politiques pourrait compromettre les efforts de rétablissement de la normalité constitutionnelle et entraver les initiatives visant à résoudre les crises urgentes auxquelles la population est confrontée.
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