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« L’économie continue de pâtir de la dégradation du climat des affaires et de la conjoncture socio-politique délétère », selon la BRH

« L’économie continue de pâtir de la dégradation du climat des affaires et de la conjoncture socio-politique délétère au deuxième trimestre de l’exercice fiscal 2021-2022 », selon la BRH.

La banque de la République d’Haïti a publié sa note de politique monétaire pour le deuxième trimestre de l’exercice fiscal 2021-2022, (allant de janvier à mars 2022). Elle est marquée par le fait que sur le plan national, « l’accroissement des prix des produits de base a alourdi la facture d’importation. À cela s’ajoute la poursuite des incertitudes autour du climat des affaires retardant la reprise de l’activité économique, laquelle a pâti de la faible performance de la campagne agricole d’automne et de la dégradation des conditions sécuritaires. Ces chocs, à la fois internes et externes, ont généré des tensions sur le marché des changes et alimenté les pressions inflationnistes qui commencent à refléter les révisions des salaires dans différents secteurs. »

Au niveau de la sphère réelle de l’économie haïtienne, la banque centrale a indiqué que l’activité continue de pâtir de la dégradation du climat des affaires, de la conjoncture socio-politique délétère et du prolongement des impacts négatifs d’un ensemble de chocs internes et externes enregistrés au trimestre précédent. Les prix élevés des intrants (notamment ceux qui sont importés) et la persistance des problèmes d’approvisionnement des marchés liés à la dégradation des conditions sécuritaires, ont grandement affecté la productivité des entreprises locales, notamment la performance du secteur primaire. En dépit d’une bonne pluviométrie en janvier 2022 les précipitations irrégulières et les déficits hydriques en novembre et décembre 2021 ont affecté négativement les récoltes de cultures d’automne. Parallèlement, ces facteurs, joints à la révision des prix du carburant à la fin du trimestre précédent et à l’augmentation des salaires, ont contribué aux pressions inflationnistes dans l’économie.

En conséquence, une accélération du rythme de progression du niveau général des prix a été observée au cours du deuxième trimestre tant en glissement annuel qu’en rythme mensuel. Le taux d’inflation annuel est passé de 24,6 % en décembre 2021 à 25,2 % en février 2022, soutenu notamment par l’accroissement des prix des produits importés (+34,2 %). L’inflation mensuelle, pour sa part, s’est accrue de 1,1 point de pourcentage pour s’établir à 2,1 % pour le trimestre sous étude, a détaillé la BRH.

En ce qui a trait à la balance commerciale, sur les cinq (5) premiers mois de l’exercice 2022, les exportations ont atteint une valeur de 472,24 millions de dollars ÉU, soit un accroissement de 18,4 % par rapport à la même période de l’exercice 2020-2021. Cette augmentation est imputable à celle de 18,81 % des exportations du secteur de la sous-traitance, lesquelles se sont établies à 167,71 millions de dollars ÉU. Parallèlement, les importations ont enregistré une croissance de 7,3 % pour se chiffrer à 1 932 millions de dollars ÉU. Cette hausse des importations s’explique par celle en valeur de presque tous les groupes de produits notamment des produits pétroliers et du groupe « Boissons et Tabac » dont le montant a accusé une croissance respective de 16,63 % et 8,03 %. De cette évolution des échanges extérieurs, a découlé une détérioration du solde commercial de 4,2 %.

Photo: Ody Bien-Eugène | Juno7

Par ailleurs, les transferts privés sans contrepartie ont totalisé 832,8 millions de dollars ÉU sur le deuxième trimestre, marquant ainsi un repli de 9,6 % par rapport au trimestre précédent et de 5,1 % par rapport à la même période l’an dernier. Cette diminution des transferts privés reflète non seulement un mouvement saisonnier après les fêtes de fin d’année, mais aussi l’accélération de l’inflation jointe à l’arrêt des aides financières dont ont bénéficié certains ménages de la diaspora durant la pandémie de Covid-19.

Cette baisse des transferts, toujours selon la BRH, a exacerbé l’inadéquation déjà existante entre l’offre et la demande de devises sur le marché des changes dans un contexte d’accroissement de la demande soutenue par plusieurs facteurs notamment celle relative à la facture d’importations des produits pétroliers. À cela, il convient d’ajouter la composante de la demande de devises liée au motif de précaution, laquelle est influencée par les anticipations négatives des agents économiques par rapport à la conjoncture socio-politique et sécuritaire.

Ainsi, le taux de change qui avait connu un accroissement relativement faible (+2,1 %) au cours du premier trimestre 2022, s’est établi à 104,71 gourdes pour un dollar ÉU en mars 2022, traduisant ainsi une dépréciation de 4,6 % de la monnaie locale pour le trimestre sous étude. Par ailleurs, malgré l’augmentation des interventions de la BRH pour renforcer l’offre de devises sur le marché des changes, les réserves nettes de change se sont légèrement accrues (+3,2 %) pour se porter à 520 millions de dollars ÉU au 31 mars 2022. Ainsi, les réserves brutes du pays sont maintenues à un niveau dépassant le repère de trois (3) mois d’importations.

« À court terme, les perspectives pour l’économie haïtienne restent mitigées. L’activité économique pourrait profiter de l’amélioration de la production agricole, puisque selon la CNSA, les pluies actuelles sont favorables aux cultures de printemps. Toutefois, le manque d’accès aux intrants risque de compromettre la performance du secteur. De même, les transferts devraient progresser de façon saisonnière, ce qui serait favorable à l’augmentation de la consommation des ménages haïtiens avec des effets positifs en termes de renforcement de l’activité économique », précise le rapport.

Sur le plan des finances publiques, la BRH avance que l’intégration dans le budget de projets d’investissements susceptibles de stimuler des initiatives privées pourrait contribuer à la relance de l’activité. Parallèlement, le maintien des mesures de rationalisation des dépenses publiques devrait aider à contenir le déficit public et conséquemment réduire le recours au financement monétaire.

Cependant, parmi les facteurs exogènes susceptibles d’influencer négativement le comportement de l’inflation, il convient de considérer notamment les anticipations négatives liées à la détérioration continue des conditions sécuritaires et les retombées potentielles sur les prix internationaux des produits de base de la poursuite de la guerre en Ukraine, sans oublier les sanctions économiques et financières contre la Russie. Une telle situation risque d’aggraver le renchérissement de la facture d’importations et, par voie de conséquence, alimenter des tensions sur le marché des changes et les pressions inflationnistes. La dépréciation de la monnaie nationale qui pourrait en découler, aurait des implications négatives sur les prix dans l’économie.

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