Pas besoin d’être un expert, un politicien aguerri pour comprendre le jeu de la Présidence qui ne jure que par le renvoi du Premier ministre choisi il y a juste six mois par le Président Jovenel Moise.
En adressant une correspondance ce vendredi au bureau de la Chambre des députes pour lui demander d’interpeller le lundi 18 mars le Premier ministre Jean Henry Céant, les 70 députés acquis à la cause du Président Jovenel Moise ont enfin mis bas les masques de la Présidence.
Sans aucune élégance par rapport au Sénat qui a déjà fixé au mercredi 20 mars la séance d’interpellation du Chef du gouvernement et des ministres de l’intérieur et de la justice, les députés interpellateurs, dans leur correspondance, de manière à peine voilée, mettent la pression pour que le bureau organise la séance à la date indiquée. La majorité présidentielle en agissant ainsi a mis le bureau devant le fait accompli. Le président de la Chambre des députés, Gary Bodeau n’a d’autres choix que celui de satisfaire à la rage de la majorité de censurer le chef du gouvernement.
Mais, est-ce que cette séance peut-elle avoir lieu si le Chef du gouvernement qui est actuellement en mission au Maroc n’est pas informé de son interpellation par cette majorité à la Chambre Basse?
On est en Haïti où l’impossible devient facile, dirait-on ! Ici, le ridicule ne tue pas !
En agissant de la sorte, est-ce que les représentants du peuple au Bicentenaire sont bien conscients dans quelle pagaille ils s’apprêtent à foutre le pays qui fait face actuellement à une situation de crise aigue?
Les députes mettent en avant le fait que le Premier ministre Jean Henry Céant n’a pas respecté sa déclaration de politique générale, la faim et la misère au niveau des couches les plus vulnérables de la population qui se sont généralisées, les initiatives du gouvernement en matière de justice qui s’apparentent à des manœuvres en vue de bloquer le procès petrocaribe et la nécessaire lutte contre la corruption entre autres motifs pour justifier leur demande d’interpellation.
Ils parlent aussi de la dislocation par rapport aux principes de la solidarité gouvernementale. En considérant le fait qu’ils ont eux aussi interpellé le Premier ministre Céant malgré que la demande d’interpellation des 9 sénateurs aient déjà été acheminée à la Primature est-ce qu’on est pas en droit de parler de la dislocation par rapport aux principes de la solidarité parlementaire?
En analysant ces motifs, les dés sont déjà jetés, le destin de Jean Henry Ceant est déjà scellé, si l’on tient compte bien entendu des mauvaises habitudes de nos dirigeants d’agir en dehors de la constitution et contre les intérêts supérieurs de la Nation.
Est-ce qu’au moins les députés interpellateurs sont conscients que le temps que la Présidence mettra pour entamer les consultations avec les présidents des deux branches du parlement pour nommer un nouveau premier ministre pour ensuite négocier avec les différents secteurs de la vie nationale en vue de former le cabinet ministériel aura des conséquences sur l’organisation des élections prévues en octobre de cette année pour renouveler entre autres la chambre des députés ? A moins que la récompense à la tenue de cette séance d’interpellation pour révoquer Jean Henry Céant soit une rallonge du mandat de la 50e législature. Si séance il y en aura bien sûr!
L’opposition qui exige depuis des mois le départ du Président Jovenel Moïse du pouvoir, le procès petrocaribe va t-elle rester les bras croisés et laisser le champ libre à l’administration de Jovenel Moïse et ses alliés parlementaires?
Les centaines de milliers de citoyens et citoyennes qui sont sortis dans les rues à travers le pays pour exiger de meilleures conditions de vie vont-ils pouvoir encore attendre d’autres adresses à la Nation au cours desquelles Jovenel Moïse fera de nouvelles promesses? Ou encore un nouveau Premier ministre pour présenter pendant des heures au niveau des deux branches du parlement son fameux “tchala”?
On dirait que les 70 représentants du peuple qui ont décidé d’interpeller le Premier ministre ont besoin d’une large tribune pour solliciter monts et merveilles à l’éventuel (le) locataire de la Primature puisqu’ils sont souvent absents aux séances plénières.
Il faut toutefois rappeler à ces élus du peuple que le pays n’a toujours pas de budget, la majorité de la population vit dans des conditions sociales et économiques extrêmement précaires.
A bon entendeur salut!