Les MPME doivent bénéficier d’un environnement adéquat et de l’attention des pouvoirs publics, selon le Président du Conseil d’administration de la BNC, Raoul Pascal Pierre-Louis
Les Micros Petites et Moyennes Entreprises (MPME) jouent un rôle prépondérant dans l’économie haïtienne. Cependant, elles font face à de sérieux obstacles, car négligées par les politiques publiques, selon le Président du conseil d’administration de la Banque nationale de Crédit (BNC), Raoul Pascal Pierre-Louis. Il intervenait lors la deuxième journée du 12e Sommet International de la Finance ce 26 avril.
Conscient de l’importance que jouent les MPME au sein de la communauté, le président du CA de la BNC estime que ces structures doivent bénéficier d’un environnement adéquat et de l’attention qu’il faut des pouvoirs publics, pour intervenir de manière organisée dans un cadre formel.
En ce sens, la Banque Nationale de Crédit BNC intervient à deux niveaux pour favoriser la croissance et le développement de ces structures, selon M. Pierre-Louis. D’abord en mettant en place une structure d’accueil dédiée, le ProCrédit, une division spécialisée pour accompagner et financer les besoins en capitaux des MPME, partout où elles se trouvent.
Récemment encore, dans le cadre de sa modernisation et de la digitalisation de ses opérations, et pour faciliter l’inclusion des MPME dans le système financier, la BNC a entrepris des travaux d’aménagement de plusieurs plateformes numériques, pour rendre disponibles ses produits et services (ATAWAD) à savoir : Any Time AnyWhere Any Device.
Ces produits et services incluent, entre autres, les distributeurs automatiques de Billets et les Guichets Automatisés de Banque, les produits de dépôt, d’assurance, et d’épargne retraite pour les employés des entreprises, les financements appropriés à leurs besoins de trésorerie, les crédits à moyen et long terme pour financer la croissance et les investissements.
“Tout ce qui peut faciliter le développement des affaires, la réalisation du cycle d’exploitation et le développement des activités déployées par les MPME en Haïti a été pris en compte”, s’est vanté M. Pierre-Louis.
Consternée devant les difficultés et obstacles auxquels font face les MPME, la BNC entend appuyer ces cinq recommandations générales produites par la Banque mondiale à l’intention des responsables publics des pays émergents et en développement à savoir : opter pour une approche globale, adapter les mesures au contexte national, renforcer l’accès à l’éducation, aux marchés et aux financements, améliorer la gouvernance et le climat des affaires pour favoriser le développement de l’économie formelle et rationaliser les régimes fiscaux pour réduire le coût de l’activité formelle et promouvoir la formalisation de l’informel.
“Nous sommes conscients de notre rôle de banque commerciale de l’Etat et prenons à cœur la mission qui nous a été confiée, celle d’accompagner tous nos concitoyens dans leurs efforts d’épargne et d’investissement et à la recherche de la satisfaction de leurs besoins de financement dans de bonnes conditions”, a déclaré M.Pierre-Louis.
Le secteur informel est estimé à 50% du PIB haïtien
Le secteur informel revêt une importance significative au sein de l’économie haïtienne. Il est en revanche négligé par les politiques publiques, selon le Président du conseil d’administration de la BNC.
Aussi, en termes de chiffres, le marché informel occupe près de 76% des emplois, le poids du secteur informel est estimé à plus de 50% du PIB dans un pays comme Haïti, selon M. Pierre-Louis. “Autant l’économie informelle est négligée dans les politiques publiques, autant son importance dans l’économie d’Haïti est significative”, a-t-il indiqué.
Pour étayer ses dires, M. Pierre-Louis a évoqué une enquête réalisée par le Centre de Facilitation des Investissements (CFI) en 2018. Sur les 1919 entreprises sondées tombant dans cette catégorie, 81% ont un statut d’entreprise individuelle, et 39% seulement ont été enregistrées au Ministère du Commerce. “Ce qui veut dire très peu d’entre elles sont légalement constituées”.
Par ailleurs, moins de 20% disposent d’un compte bancaire. “ce qui rend difficile l’intervention des banques d’autant plus que l’absence d’un système d’informations empêche d’apprécier les activités réalisées sur une période donnée”, a-t-il indiqué. C’est ce qui explique, selon M. Pierre-Louis , qu’en dépit des besoins de financement très importants constatés, très peu d’interventions ont pu être réalisées par les banques haïtiennes.
D’un autre côté, la prédominance de l’économie de l’ombre réduit la capacité des pays à mobiliser les ressources budgétaires nécessaires pour stimuler l’activité économique en période de crise.
Elle les empêche également de mener des politiques macroéconomiques efficaces et constituer le capital humain indispensable au développement à long terme, selon M. Pierre-Louis, citant le dernier rapport de la banque mondiale sur « le poids du secteur informel dans les économies en développement » de novembre 2021.