Son documentaire poignant sur la violence en Haïti, capturant l’impact humain des guerres entre gangs à Port-au-Prince, a captivé l’attention internationale.
Le journaliste reporter d’images haïtien, Luckenson Jean, basé à Port-au-Prince, est en lice pour le prestigieux prix Rory Peck, une distinction qui, depuis 1995, honore les meilleurs journalistes reporters d’images (JRI) pigistes à travers le monde. Cette année, Jean est nommé aux côtés de Belal al Sabbagh et Youssef Hassouna, reporters à Gaza, pour la cérémonie qui se tiendra le 28 novembre prochain à Londres.
Luckenson Jean s’est distingué par ses reportages immersifs sur la crise de violence qui secoue Haïti depuis février 2024. Ses vidéos, diffusées à des centaines de clients de l’Agence France-Presse (AFP) à travers le monde, montrent des scènes poignantes de Port-au-Prince, où des gangs armés ont pris le contrôle de plusieurs quartiers, menaçant de renverser le Premier ministre Ariel Henry.
La vidéo soumise pour le prix commence par la mort tragique d’un habitant pris dans des tirs croisés, suivie de scènes montrant une police débordée, des corps abandonnés dans les rues, et des citoyens terrifiés cherchant désespérément un refuge. En mars, grâce à ses contacts au sein des forces de l’ordre et des gangs, Luckenson Jean a obtenu une interview exclusive avec le chef de gang Jimmy Cherizier, alias « Barbecue », qui avait menacé de déclencher une « guerre civile » si le gouvernement ne démissionnait pas. Cette interview a été largement relayée à l’international.
Le travail de Jean ne se limite pas aux scènes de violence. Il a également collaboré avec des ONG pour documenter la vie quotidienne dans les zones sous contrôle des gangs, capturant la détresse des patients dans des cliniques de fortune et des familles déplacées. En juin, il a couvert l’arrivée de la force de police kenyane, envoyée pour aider Haïti à reprendre le contrôle des quartiers gangrenés par la violence des gangs armés.
Âgé de 33 ans, Luckenson Jean est un journaliste polyvalent et indépendant qui couvre l’actualité en Haïti avec un accent particulier sur l’aspect humain. Ses reportages illustrent la souffrance quotidienne des Haïtiens pris dans cette crise interminable. Ancien étudiant du Cine Institute de Jacmel, il a travaillé pour des chaînes de télévision locales avant de collaborer avec l’UNICEF et l’AFP.
Malgré la dégradation des conditions de sécurité en Haïti, Luckenson Jean poursuit son travail sur le terrain, en s’appuyant sur des contacts et des stratégies de sécurité personnelles pour se déplacer et filmer. « Mon travail est une forme de thérapie », confie-t-il, soulignant la difficulté de devoir choisir parmi les nombreuses histoires qu’il rencontre chaque jour, et l’impact émotionnel de ne pas pouvoir toutes les raconter.
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