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Les marchands de nourriture cuite communément appelée Chen Janbe ont augmenté en ce temps de crise dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince.
S’il est vrai que le rythme de progression de l’inflation en glissement annuel est à 12,7% en juin selon les dernières données de l’IHSI, sur le marché de la consommation en Haïti, cela n’empêche que près de 4.4 millions d’haïtiens se trouvent en insécurité alimentaire, Selon les données de la CNSA (Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire). Ces haïtiens n’ont même pas la possibilité de s’acheter un plat de nourriture cuite, un «Chen Janbe ».
Il est 9 heures et demi du matin. À l’aire d’embarquement et de débarquement à Pétion-Ville, au niveau de l’ancien cimetière de cette commune, des Tap Tap, des auto-bus assurant les trajets Delmas, Routes de Frères, Jirardo entre autres attendent des passagers.
A l’intérieur de l’ancien cimetière qui abritent les pompiers et les urgences de Petion-ville, des piles d’immondices s’offrent en spectacle alors qu’un tracteur destiné à effectuer le ramassage des ordures est tombé en panne sur une pile de détritus qui dégagent une odeur nauséabonde. Au milieu de cette insalubrité, dans ce décor, c’est la présence de plusieurs jeunes
garçons qui proposent dans une brouette de la nourriture cuite aux passants. Au menu : riz aux haricots noirs, verts à l’haïtienne.
Pour protéger la marmite qui contient la nourriture cuite, les marchands ambulants utilisent un morceau de plastique, une pratique assez courante mais non hygiénique, car les matières plastiques en présence de la chaleur peuvent libérer des éléments cancérigènes.
un récipient posé a même le sol contenant de l’eau pour faire la vaisselle pour quelques rares clients qui ne mangent pas dans les assiettes en styrofoam.
Le « *Chen Janbe »* fume et dégage une odeur qui peut provoquer l’eau à la bouche des passants. Si les conditions ne sont pas toujours hygiéniques il est un fait que l’odeur attire de nombreux clients qui attendent pour être servis par le marchand.
« Mete yon bagay pou mwen non, Sel 50 goud mwen genyen m p ap ka ba w tout non Ras ! Fò m bwè », révendique à l’avance, cet homme , dread avec une lourde valise. Le marchand refuse dans un premier temps la demande du client, puis se sont mis d’accord pour 35 gourdes le plat. « Leve men w ti frè, m p ap bliye figi w » bourdonne-t-il.
L’ambiance autour d’un « chen jambe » est toujours animée de débats surtout dans ce point stratégique, l’aire d’embarquement et de débarquement de Pétion-Ville fréquentée par de nombreuses personnes qui se lèvent
tôt pour vaquer à leurs occupations.
Quel est le coût et qui sont les clients de cette nourriture cuite « Chen Janbe » ?
L’espace n’est pourtant pas appropriée pour consommer de la nourriture, poussières et immondices règnent en maître, mais nombreux sont ceux qui retirent un plat auprès de ces jeunes garçons, au prix de 50 gourdes, mais à 25 gourdes ils ne vous laissent pas partir. Selon l’un des marchands, leurs principaux clients sont les chauffeurs de Tap Tap, des personnes qui vont travailler tôt le matin et même des élèves, notamment les garçons, précise-t-il.
« On a une clientèle variée… tout le monde achète, même les filles», confie Makenson, qui a à peine une semaine dans ce business. Généralement ces garçons, qui vendent très tôt de la nourriture cuite sont engagés dans une course contre la montre, à 1h PM, la marmite doit être vidée de son contenu, car à cette heure précise les marchands qui ont leur stand ou
mini-resto prennent la relève.
En ce temps de crise, des citoyens qui n’ont pas vraiment la possibilité d’acheter un plat à 200 gourdes, s’adonnent aux « Chen Janbe ». Ils achètent un plat pour 50 gourdes et s’acoquillent derrière l’une des voitures stationnées aux environs de l’ancien cimetière de Petion-ville. Et ceci, c’est presque tous les jours, nous dit Makenson.
« On nous paie entre 1500 et 2000 gourdes par semaine, c’est un contrat…»
Pour entrer dans ce business, il vous faut un minimum d’argent. 4000 gourdes environ (soit 41 dollars US), entre la préparation du riz, l’achat de la brouette et des assiettes en Styrofoam et cuillères, ces jeunes garçons faisant face à cette crise économique qui sévit en Haïti, ont trouvé un contrat avec des bailleurs. Ces derniers préparent la nourriture et confient à ces jeunes hommes la marmite qui assurent la vente.
Pendant une journée, ces messieurs peuvent vendre pour 3500 gourdes. «Celui qui a préparé la nourriture, nous paie chaque semaine, nous avons un contrat avec lui. Il est dans la cuisine et nous dans les rues » « On nous paie entre 1500 et 2000 gourdes par semaine, c’est un contrat… », raconte Makenson avec ses yeux partout, cherchant des potentiels clients. Il était déjà 10 h 15 du matin la marmite était à moitié vide.
Cependant il y a d’autres jeunes hommes qui vendent de la nourriture qui ont investi eux-mêmes, ils sont surtout des marchands ambulants, ils se promènent et définissent un parcours bien déterminé.
« Chen Janbe » « Aleken » « Akoupim Chajew », « Bann à pye » sont entre autres les différentes appellations données à la nourriture cuite vendue dans les rues. On ignore vraiment comment cette nourriture est préparée, mais des citoyens en mangent en toute quiétude. Selon plus d’uns, c’est en raison de l’augmentation du coût de la vie, que des citoyens se résignent à consommer ces plats.
Jean Samuel Mentor
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