Getting your Trinity Audio player ready...
|
Les bandits délogent le CFEF, les étudiants cherchent un abri provisoire pour sauver ce qui reste de l’année académique.
La terreur qui sévit dans la 3e circonscription de Port-au-Prince, notamment à Martissant à forcer le Centre de Formation des Enseignants de l’Ecole Fondamentale (CFEF) à quitter son espace. Logés dans un premier temps dans une école nationale, à l’occasion de la réouverture des classes en septembre dernier, les étudiants ont été chassés et maintenant, en attente d’une décision du Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle.
Face à cette situation, le Collectif des CFEFiens, regroupant des étudiants et anciens étudiants du CFEF, appelle la ministre de l’éducation à trouver au plus vite un espace pour les aspirants enseignants.
A Martissant, à côté de l’église Sainte-Bernadette, loge le bâtiment de la seule institution étatique qui forme des enseignants pour le niveau fondamentale. Un grand espace avec plus d’une dizaine de salles, auditorium, bibliothèque, salle d’informatique et dortoir.
Le Centre de Formation des Enseignants de l’Ecole Fondamentale a été dans l’obligation d’abandonner ses locaux, en juin dernier, à Martissant, sous l’emprise des gangs depuis quelque temps.
Les étudiants ont été logés provisoirement à l’école nationale Guillaume Manigat afin de sauver l’année académique, mais avec la reprise des activités scolaires en septembre, les étudiants ont été expulsés de cette école nationale. L’année académique pour ces étudiants n’est pas encore bouclée et les responsables du Centre de Formation des Enseignants de l’Ecole Fondamentale n’ont sorti aucun communiqué pour se prononcer sur le sort de ces jeunes étudiants.
Le Collectif des CFEFiens, (CO-CFEF) organisation des anciens et actuels étudiants de CFEF attire l’attention de la ministre de l’éducation sur la situation difficile des étudiants de cette institution étatique. « Si l’État haïtien ne prend pas en compte la situation de CFEF, le taux d’analphabétisme risque d’augmenter » s’alarme Holsen Paurus, président de COCFEF qui prévoit également la prolifération des gangs à Martissant.
Les promesses de MENFP jusque-là non tenues…
CFEF depuis sa création en 1999 a été placée sous la tutelle du ministère de l’éducation et de la formation professionnelle, ainsi il revient au MENFP de recruter les enseignants des trois cycles de l’enseignement fondamental. Cependant, depuis que cette école des enseignants a fermé ces portes à Martissant, les responsables du ministère n’ont rien fait de concret, se plaint le collectif des CFEFiens.
« Nous avons entrepris des démarches auprès du directeur départemental de l’Ouest, Jean Clergé Ernest et du directeur du cabinet de la ministre, ils nous ont promis un espace d’ici cette fin d’année et rien de concret n’a été fait après des mois » regrette Bill Marken, vice-président du collectif, espérant que ce nouveau local promis par les autorités éducatives sera bien réel.
Outre le problème de relocalisation de CFEF qui met à l’arrêt les cours, il y a une autre crise majeure au sein de l’institution, c’est la nomination des étudiants finissant au sein de l’institution. Et environ deux décennies depuis sa naissance, aucune promotion de CFEF, ayant généralement 90 étudiants, n’a été nommée dans le système éducatif haïtien, selon Orel Stecker Vincent, responsable de CO-CFEF et cela explique, déplore-t-il, le niveau de la formation des élèves au sein du système, sachant que les professionnels formés pour le métier ne sont pas intégrés.
L’impact du dysfonctionnement de CFEF sur le cycle fondamental…
5 mois depuis que les responsables de cette école n’ont pas mis les pieds dans l’enceinte de l’institution, les cours sont à l’arrêt depuis septembre et on devrait y avoir une promotion sortante en novembre prochain, l’année académique de ces étudiants semble hypothéquer. Même si leur nomination dans le système éducatif est très difficile, les étudiants-finissants seront encore dans l’attente des stages, avant que l’année académique soit bouclée.
Et les écoles nationales dans les provinces reculées, manquent d’enseignants, et attendent à bras ouverts ces stagiaires qui vont devoir encore attendre. Et la dysfonctionnalité de CFEF ouvre la possibilité à des hommes et femmes non qualifiés, d’intégrer le système éducatif haïtien, selon Holsen Paurus qui se dit prêt à lutter du bec et des ongles pour empêcher la fermeture, dit-il, de ce patrimoine.
Le Centre de Formation des Enseignants de l’Ecole Fondamentale a été créé en juin 1999 par une coopération française dans le cadre du programme d’appui pour l’éducation en Haïti. Dans chaque département du pays, il devrait y avoir un CFEF. Il n’existe qu’un seul en Haïti et il est contraint de fuir ses locaux en raison de la loi des gangs.
Jean Samuel Mentor
En savoir plus:
19 octobre 1806: assassinat de François Capois dit Capois-La-Mort