L’on en sait un peu plus sur la tuerie perpétrée au quartier de Bel-Air début novembre 2019. Le Réseau National de Défense Des Droits Humains (RNDDH) y relate les faits dans un rapport intitulé « Massacre au Bel-Air : Banalisation du droit à la vie par les autorités étatiques », rendu public ce 17 décembre.
Deux représentants du pouvoir en place ont été cités dans ce massacre. Il s’agit de Pierre Josué Agénor Cadet et de Léon Ronsard Saint-Cyr, à en croire les informations fournies dans ce rapport de 20 pages.
Le Ministre de l’intérieur et des collectivités territoriales est cité dans les événements enregistrés à Bel-Air pour avoir essayé de trouver une entente à l’amiable avec les jeunes de Bel-Air alors que Léon Ronsard Saint-Cyr est indexé pour avoir pris contact avec Jimmy CHERIZIER pour lui promettre de l’argent et des motos neuves, s’il arrivait à lever les barricades érigées dans la zone, affirme le RNDDH.
Contrairement aux autres opérations de verrouillage, celle de Bel-Air a duré plusieurs semaines. L’exécutif a tenté par tous les moyens de prouver qu’il avait le contrôle du territoire.
Après plusieurs échecs, le gouvernement, par l’intermédiaire de Josué Agénor Cadet l’exécutif est entré en contact avec des groupes de jeunes Belaisiens à deux reprises. L’une de ces réunions a eu lieu à Pétion-ville et l’autre au Palais national. C’est au cours de la rencontre au palais national le 1er novembre 2019, que le ministre a promis 5 millions de gourdes aux différentes bases de Bel-Air. Une offre déclinée par les invités.
C’est à ce moment que Le Secrétaire d’État à la Sécurité publique est entré en jeu. Ronsard Saint-Cyr, selon les témoignages des victimes et les leaders de Bel-Air, a pris contact avec le chef de gang Jimmy Chérizier alias Barbecue et l’a engagé pour enlever les barricades érigées dans certaines zones de l’aire métropolitaine et d’y empêcher tout rassemblement antigouvernemental. Le chef gang devait recevoir une forte somme d’argent et des motos pour cette tâche, toujours selon le rapport du RNDDH.
Les attaques ont lieu les 4, 5, 6, 7 et 8 novembre. Le bilan des victimes s’élève à 24 morts au moins, 5 autres ont été blessées par balles. Vingt huit maisons ainsi que 7 voitures et quatre (4) motos ont été incendiées. Deux (2) autres maisons au moins ont été criblées de balles, rapporte le RNDDH.
« Les cadavres des personnes tuées ont été soit carbonisés soit emportés, le gang de Jimmy CHERIZIER alias Barbecue ayant adopté une stratégie d’intervention selon laquelle, les soldats ne doivent laisser aucune trace de leurs actes répréhensibles », précise l’organisme de défense de droits humains.
Interrogé sur la question, Ronsard Saint-Cyr a catégoriquement rejeté ces allégations. Ces accusations, selon lui, n’ont aucun fondement. Le RNDDH a tenté en vain de joindre Pierre J. A. Cadet.
Face à cette situation, le RNDDH invite le pouvoir exécutif à réviser ses stratégies d’intervention. Aux autorités policières et judiciaires, l’organisation les recommande d’enquêter sur ce massacre et d’identifier les agents de l’unité spécialisée BOID ainsi que toutes les autres personnes qui y ont pris part, d’identifier toutes les personnalités de la classe politique haïtienne et du secteur privé des affaires qui sont de connivence avec « Barbecue », en vue de les poursuivre conformément à la loi, d’intervenir pour ramener le calme à Bel-Air et permettre la reprise des activités socioéconomiques, entre autres.