Société

Propos grossiers, mépris, stigmatisation… le lot quotidien des femmes haïtiennes Stériles.

Propos grossiers, mépris, stigmatisation, la complication des femmes haïtiennes stériles

La stérilité est généralement définie comme étant l’incapacité d’un couple à concevoir après des rapports sexuels répétés pendant une année sans contraception.

En Haiti, Passé 30 ans, une femme qui n’enfante pas est sujet de stigmatisation au sein de la société.

Marie, commerçante atypique, est mariée depuis 11 ans, mais jusque-là, elle ne puis concevoir une nouvelle vie au foyer. Avoir un enfant,  c’est là son plus grand souhait. D’ailleurs, elle  avoue qu’elle s’est mariée juste  pour avoir un  bébé. « Le mariage ne m’intéressait pas, je voulais juste un fils ou une fille, étant chrétienne, j’étais obligée de me marier » dit-elle tout bas, avec une voix coupable.

Après plusieurs essais, Marie decouvre qu’elle est touchée du Léiomyome utérin communément appelé Fibrome, ces tumeurs  non cancéreuses dans l’utérus qui peuvent se développer chez la femme pendant les années où celle-ci est en âge de procréer.

Du haut de ses 50 ans, cette dame mariée garde encore espoir qu’elle peut procréer, même si son époux a la tête ailleurs et la méprise totalement.  « J’ai déjà subi une opération chirurgicale, mais je ne suis plus en âge de porter un enfant sauf un miracle de Dieu que j’attends à 51 ans ». a-t-elle lâché sur un ton ironique.

Les femmes au foyer sont les plus traumatisées par ce phénomène. mépris, propos acerbes et violents, des injures qui ont des impacts psychologiques sur ces  femmes infertiles, déplore Betty, mariée en 2003. Qui pis est, on compare ces femmes en Haïti  aux mulets, l’hybride mâle du cheval. «  sak tris la se lè yo rele nou manman milèt », murmure-t-elle, essayant de dissimuler quelques larmes.

La majorité de ces femmes croit souvent à la grâce divine, elles sont à la disposition  de Dieu prient matin et soir afin que JÉHOVAH leur donne un enfant.

Mona, jeune femme, après 2 ans de mariage, s’inquiète, car  elle a déjà essayé en vain d’avoir un enfant. S’il est vrai scientifiquement on considère que les femmes sont stériles après 2 ans de vie sexuelle active , pour Mona il est encore temps. « J’ai envie d’avoir un bébé, j’attends encore car le jour viendra. Mon mari est patient, il me supporte et on croit durement qu’on va réussir à le faire ».

La pression des parents haïtiens…

A l’âge de 30 ans, la majorité des femmes haïtiennes sont on ne peut plus pressurées d’avoir un bébé. La pression vient des parents, qui exigent à leur fille de chercher un homme pour se marier ou à se mettre en couple afin d’accélérer le processus de procréation. A 35 ans, en Haiti une femme, meme si elle est professionelle, indépendante la société haitienne la considère comme une personne qui a échoué.  Il arrive parfois que ces personnes ne soient pas stériles et aient fait le choix de ne pas avoir d’enfants, quand bien même elles sont stigmatisées par des proches, amies et des collègues de travail.

Entre les frontières de la superstition  et de la Science…

Selon plus d’un la stérilité est perçue dans la société haïtienne comme une malédiction, un sort jeté à une femme pour q’elle ne reproduise pas, mais selon l’anthropologue Avril Rubens, ça n’a rien à voir avec la sorcellerie. C’est un phénomène scientifique qui s’explique par une anomalie biologique, précise  l’anthropologue.

Pourtant selon un houngan contacté, « Dye Ki Vle » ainsi connu il existe des moyens pour empecher une femme d’enfanter. Pour étayer ses dires, il explique qu’il a déjà travaillé pour des gens qui veulent jeter de mauvais  sorts sur des femmes pour qu’elles n’enfantent pas.

En Haïti, dans le vaudou on appelle ce phénomène « Pèdisyon ». « Une fille peut être clouée dans un arbre, on peut vendre son utérus mystiquement avec un esprit, Tous les trois mois la victime si elle tombe enceinte , avorte  »  raconte le houngan. Il y a des moyens également pour annuler ce sort, sans vouloir donner des détails, « Dye ki Vle » affirme que c’est un rituel très coûteux.

Abdias Dol médecin et psychologue abonde dans le même sens que  l’anthropologue Rubens Avril, détaillant que les infections au niveau des trompes de Fallope, l’endométriose, anomalie de la glaire cervicale peut causer l’infertilité. l’un des principaux facteurs de risque est l’âge.

La fécondité des femmes diminue avec le temps, surtout après 35 ans.
Outre ces anomalies , la stérilité a de grands impacts psychologiques sur ces femmes.  Faible estime de soi, stress énorme, replis sur soi, troubles du comportement alimentaires, baisse de libido… sont entre autres  les problèmes psychologiques qui peuvent se développer chez certaines femmes. « Certaines femmes peuvent même se sentir inférieures par rapport à d’autres, et peuvent même éviter les activités sociales »  confie le psychologue.

Certaines de ces dames mariées entament un processus de deuil, et abandonnent ce projet, ce qui peut entraîner des idées suicidaires selon le Dr. Abdias.

Face à ce phénomène, le Dr. Abdias Dol encourage ces femmes à se recréer et de suivre un programme psychologique  actif.
Une étude récente montre qu’au Canada 11,5 % à 15,7 % des couples font face à l’infertilité. Ces statistiques concernent un couple sur 6. Alors qu’en Haïti, les chiffres ne sont pas disponibles, mais  il est très possible que vous connaissiez personnellement quelqu’un qui est touché par l’infertilité.

Les prénoms cités dans le texte sont des noms d’emprunt

Jean Samuel Mentor

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