Mobilisation du 18 novembre: la Direction Politique de l’Opposition parle de réussite nationale. Moïse Jean-Charles, le leader de Pitit Dessalines les qualifie de vagabonds.
Comme à l’accoutumée, ce 18 novembre a été marqué par une mobilisation nationale. La Direction Politique de l’Opposition qui rêvait de se rendre devant le palais national n’a pas atteint son objectif. La Police Nationale d’Haïti a tout fait pour l’en empêcher alors que le leader de la Plateforme Pitit Dessalines, Jean-Charles Moise a réussi à traverser les rideaux de sécurité mis en place par la PNH et livré en toute quiétude son message devant l’ambassade des États-Unis à Tabarre.
Cette journée de mobilisation a été on ne peut plus révélatrice. Elle n’a fait que réitérer un désaccord évident existant au sein de l’opposition plurielle. Ce désaccord, selon toute vraisemblance et, vu les discours tenus par les différents leaders, n’est pas né de la dernière pluie.
Le numéro 1 de Pitit Dessalines a tiré à boulets rouges sur ses anciens camarades politiques. Sans mâcher ses mots, il les qualifie de vendus, vagabonds et « tenten ». Selon lui, ils sont payés par une frange de la classe économique pour déstabiliser le pays en organisant des manifestations violentes afin de détruire les biens des gens appartenant à la classe moyenne.
L’ex-sénateur a pris solennellement l’engagement de tout mettre en oeuvre pour libérer le pays de ce qu’il appelle la classe politique traditionnelle qui, de son avis, tient le pays en otage depuis des lustres. Il a promis de construire, avec la jeunesse, une nouvelle classe d’hommes et de femmes capables de mettre le pays sur les rails du développement durable.
« Je suis ici pour donner un délai aux américains, au Core Groupe, à Jovenel Moïse et au secteur économique. Si dans une semaine rien n’est fait pour améliorer les conditions de vie de la population, nous renverseront le pays », a déclaré Jean-Charles Moise affirmant prendre désormais en main le destin du pays.
La Direction Politique de l’Opposition salue une victoire nationale
Quoiqu’elle n’ait pas pu se rendre devant les locaux du Palais National comme souhaité, l’opposition n’a pas pu s’empêcher de déguster ce qu’elle appelle une « victoire nationale ». Cette victoire a été proclamée, lors d’une conférence de presse donnée ce mercredi après-midi, par l’un des porte-paroles du Secteur Démocratique et Populaire, Me André Michel.
Par ailleurs, l’homme de loi a dénoncé le comportement de la Police Nationale qui, de son avis, a affiché un comportement inacceptable envers les manifestants. Aussi, a-t-il profité pour rappeler au Directeur Général de la PNH, Léon Charles que la police est une institution de maintien d’ordre chargée d’assurer la sécurité des vies et des biens. « La PNH n’est pas une milice au service de PHTK », a-t-il rappelé mettant également l’accent sur des manoeuvres de Jovenel Moïse pour boycotter la manifestation populaire.
Dans la même veine, l’ancien sénateur Paul Denis a pris le soin de féliciter toutes les entités et acteurs ayant participé à l’organisation de la mobilisation de ce mercredi. La population a été pacifique et la police a été brutale contre un peuple qui n’a fait qu’exercer son droit légitime en protestant contre la mauvaise gouvernance et l’insécurité.
L’opposition présentera une proposition de gouvernance lundi
Critiquant vertement le comportement de la Police et du pouvoir en place à l’égard des manifestants, le leader de Ayiti An Aksyon, Youri Latortue rêve déjà de l’après 7 février 2021. Savourant une prétendue victoire nationale à l’instar de ses frères de combat, il promet, au nom de la Direction Politique de l’Opposition, de présenter une proposition de gouvernance au pays le lundi 23 novembre 2020.
L’opposition répond à Moïse Jean-Charles
Cette conférence a aussi été l’occasion pour l’avocat André Michel de donner une réponse proportionnelle aux attaques ayant ciblé le Secteur Démocratique et Populaire. Si l’on peut se fier aux propos tenus par André Michel, ces attaques sont dues à l’échec du mouvement organisé parallèlement à celui de l’aile dure de l’opposition. Il a accusé Jean-Charles Moise de jouer un double jeu. « L’opposition ne compte polémiquer à quiconque », a laissé entendre Me André Michel.
Soulignons que l’opposition a foulé le macadam pour réclamer le départ du président Jovenel Moïse du pouvoir, dénoncer la recrudescence de l’insécurité et les dérives du pouvoir en place.
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