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Le nouveau Premier ministre Dr Ariel Henry et son gouvernement entrent en fonction ce mardi 20 juillet.
Port-au-Prince , Haïti .- Lors d’une cérémonie organisée ce mardi 20 juillet, à la Primature, située au Boulevard Harry Truman, Cité des Expositions, en présence des hauts fonctionnaires de l’État, des personnalités de la société civile et de la classe politique, du haut commandement de la police nationale, du haut état-major de l’armée, le Dr Ariel Henry a pris fonction pour mener la destinée du pays après l’assassinat du président de la République. Il remplace Claude Joseph qui intègre son cabinet au poste de ministre des affaires étrangères.
Dans son discours de circonstances, M. Henry a relaté ses conversations passées avec Jovenel Moïse. « Au cours des nombreuses conversations que j’ai eues avec le Président avant ma nomination au poste de Premier Ministre, il m’avait clairement fait comprendre qu’il n’était pas satisfait de ce qui se passait dans notre pays et qu’il avait un rêve pour Haïti et pour le peuple haïtien. Il voulait que les relations entre nos compatriotes changent et deviennent plus harmonieuses.
Pour lui, il était impératif de satisfaire les besoins essentiels de la population et de consolider les bases de notre démocratie malade. Malheureusement, il a été lâchement assassiné et une fois de plus, nous condamnons, avec la dernière rigueur, ce crime inqualifiable qui laisse dans le deuil sa femme, ses enfants, sa famille et la République tout entière. Je présente à tous, mes sincères condoléances, et je souhaite à la Première dame, Martine Moïse, un prompt rétablissement », a-t-il dit.
Ariel Henry, en ces circonstances, ne jure que par la justice. Pour lui, « ceux qui ont renoué avec cette pratique barbare devront payer pour leur forfait. OUI… TOUS LES COUPABLES, auteurs et commanditaires, devront être identifiés et traduits devant la justice haïtienne. Et je souhaite que des peines exemplaires et dissuasives soient prononcées. La nation n’attend pas moins de ses dirigeants. Plus jamais, nous ne devons revivre un tel drame ».
Le premier ministre dit ne pas penser que Jovenel Moïse l’a choisi parce qu’il avait vu en lui un surhomme capable de faire des miracles et de tout régler d’un coup de baguette magique, mais, plutôt, qu’il avait vu en lui « le démocrate convaincu, l’homme de dialogue et d’ouverture, capable de rassurer et d’interagir avec les différents secteurs de la vie nationale. » « C’est dans ce contexte de polarisation extrême et de difficulté pour les divers secteurs de la société haïtienne à se parler, que nous devrons trouver et mettre en œuvre une solution durable à la crise multiforme à laquelle nous sommes confrontés » a-t-il ajouté.
« Peyi a ap travèse yon sitiyasyon malouk , nan tout sans. Nan move pa sa a, gen yon bagay tout moun dakò sou li. kit sete Prezidan an, kit se gouvènman pam lan, pati politik yo, gwoupman relijyon (katolik, pwotestan, vodouyizan), gwoupman peyizan, moun ki nan biznis ( gwo biznis, ti biznis), òganizasyon kap defann dwa moun, asosyasyon pwofesyonel, Bawo avoka yo, asosyasyon syndika, asosyasyon etidyan, menm kominote entenasyonal la, tout moun rekonèt solisyon kriz la se Ayisyen yo menm ki pou jwenn li. Ayisyen fanm kou gason, gen reskonsabilite pou mete tèt ansanm pou nou soti nan sa nou ye la a », a-t-il indiqué.
L’unité, la stabilité, la démocratie et la sécurité: ses priorités
« J’ai le privilège de connaître beaucoup d’acteurs du monde politique et de la société civile, pour avoir fait un bout de chemin avec nombre d’entre eux. Je vais me mettre au travail immédiatement et prendre mon bâton de pèlerin pour aller à leur rencontre, pour leur expliquer ma mission. Je ferai de mon possible pour les convaincre que c’est ensemble, par le dialogue et dans la concertation, que nous pourrons nous en sortir et construire un projet national qui nous rassemble tous. Le temps est à l’unité et à la stabilité. Je demande au peuple haïtien de continuer à démontrer sa maturité politique en maintenant un climat calme et serein à travers le pays », a promis le nouveau PM.
Au membres du secteur privé, formel et informel, à quelque niveau que ce soit, il a donné l’assurance qu’un environnement favorable à l’investissement sera créé. Le secteur des affaires est un levier important dans le développement du pays. « L’une de mes tâches prioritaires sera de redonner à la population l’assurance que nous mettrons tout en œuvre pour rétablir l’ordre et la sécurité. C’est l’un des principaux dossiers auquel le Président de la République voulait que je m’attaque, car il avait bien compris que c’était un passage obligé si nous voulions réussir son autre sujet de préoccupation qu’est l’organisation d’élections crédibles, honnêtes, transparentes et inclusives », a-t-il poursuivi.
Publiquement et solennellement, il a dit prendre l’engagement de s’acquitter de cette noble mission. De concert avec les forces de l’ordre sur le terrain, nous allons nous atteler à créer un environnement sécuritaire fiable et stable en vue de faciliter la reprise des activités politiques en toute sérénité à travers le pays et de favoriser une participation massive la plus élevée possible des citoyennes et des citoyens en âge de voter.
D’un autre côté, le PM par intérim, Claude Joseph a encore évoqué le drame épouvantable qui a plongé le pays dans l’émoi et la consternation, a porté le gouvernement démissionnaire à revenir à la charge, conformément au principe de la continuité de l’Etat. « Aujourd’hui où les conditions sont réunies pour assurer la passation de témoins entre le Gouvernement démissionnaire et le Gouvernement définitif conformément aux dernières volontés politiques du feu Président Jovenel MOÏSE, nous devons nous enorgueillir d’avoir pu éviter que le pays sombre dans le chaos et l’anarchie qui le guettait au lendemain de ce crime odieux et abominable », a indiqué M. Joseph.
A son nouveau premier ministre, il a prodigué des conseils : « Vous héritez d’une situation exceptionnelle caractérisée par : l’absence du Président de la République pour vous servir de bouclier, une crise politique sans précédent dans l’histoire du pays, une insécurité galopante, une situation socio-économique morose et précaire, un processus électoral à poursuivre impérativement, et j’en passe. Tel est le sombre tableau du pays dont vous allez diriger le gouvernement.
Y a-t-il des recettes pour vous aider, vous et les membres de votre gouvernement, à relever de tels défis avec des enjeux aussi importants ? Difficile à dire. Toutefois, ne peuvent-elles pas être trouvées à travers un dialogue franc et ouvert impliquant toutes les composantes de la société, ou à travers un accord politique engageant toutes les forces vives de la nation ? »
Votre destin d’homme d’Etat vous impose cette mission que vous n’avez peut-être pas vu venir, a opiné Claude Joseph. Certainement aucun politique, aucun citoyen aspirant à servir son pays ne souhaite devoir porter une telle charge.