Ce mardi 22 octobre 2024, le Conseil de sécurité des Nations Unies se réunit pour examiner la situation critique en Haïti, marquée par une crise sécuritaire croissante et des scandales de corruption impliquant des membres du Conseil présidentiel de transition (CPT). La réunion, divisée en une séance d’information publique suivie de consultations privées, se concentrera sur des sujets clés comme la violence des gangs, les défis politiques, et les récentes accusations de corruption.
María Isabel Salvador, Représentante spéciale de l’ONU et Cheffe du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), présentera un rapport détaillé sur les développements récents en Haïti. Ce rapport, préparé par le Secrétaire général de l’ONU et transmis au Conseil le 15 octobre, met en lumière les efforts des autorités haïtiennes pour organiser des élections d’ici février 2026, conformément à l’accord du 11 mars 2024, négocié avec l’aide de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).
Tensions au sein du CPT
L’un des points saillants du rapport concerne les tensions au sein du CPT, notamment la nomination récente de sept des neuf membres du conseil électoral provisoire, organe clé pour la préparation des élections à venir. Cependant, la désignation de représentants pour les groupes de défense des droits de l’homme et des femmes reste en suspens, ce qui ralentit le processus.
En parallèle, le Conseil de sécurité abordera les accusations de corruption pesant sur trois membres du CPT, soupçonnés d’avoir sollicité des pots-de-vin auprès du président de la Banque nationale de crédit (BNC). L’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) a recommandé des poursuites judiciaires contre ces membres. Cette situation a provoqué des controverses au sein du CPT, qui a décidé d’écarter les membres accusés de la présidence du Conseil, tout en leur permettant de rester en fonction- décision critiquée pour avoir affaibli la légitimité de l’organe transitoire.
Recrudescence de la violence des gangs
Sur le plan sécuritaire, le Conseil sera informé de la recrudescence de la violence des gangs à Port-au-Prince, en particulier dans les quartiers à forte valeur stratégique. Le rapport du Secrétaire général décrit comment ces groupes armés, tels que le gang “Gran Grif”, continuent de contrôler des routes et de profiter d’activités criminelles comme l’extorsion et la contrebande. Une attaque particulièrement violente perpétrée par “Gran Grif” à Pont-Sondé, le 3 octobre, a causé la mort de plus de 100 civils.
Les efforts de la Police nationale haïtienne (PNH), soutenus par la mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS) dirigée par le Kenya, ont permis d’améliorer la sécurité dans certaines zones, mais les ressources limitées et le manque de personnel continuent de poser des défis majeurs. Le Conseil de sécurité pourrait réitérer son appel à un soutien financier accru pour renforcer la capacité opérationnelle de la MMSS, dont les effectifs prévus de 2 500 policiers restent insuffisants.
L’accent sur la transparence et la transition politique
Les discussions devraient également souligner l’importance de la transparence et de l’intégrité au sein des instances haïtiennes. Les membres du Conseil devraient exprimer leur préoccupation face aux retards dans le processus électoral et la lenteur de la transition politique, tout en condamnant fermement la persistance de la violence des gangs. Le Comité des sanctions de l’ONU pourrait renforcer son régime en désignant de nouveaux chefs de gangs comme Elan Luckson, le leader du “Gran Grif”, dans le but de freiner la montée des violences.
Alors que les pressions internationales s’intensifient, la communauté internationale est appelée à renforcer son soutien pour garantir la stabilisation de la situation en Haïti, rétablir la sécurité et préparer le pays à des élections crédibles.
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Luckenson Jean, journaliste vidéo haïtien de l’AFP, nommé pour le prestigieux prix Rory Peck