Des structures politiques haïtiennes demandent à l’ONU de cesser son accompagnement financier, matériel, technique et logistique du référendum de Jovenel Moïse.
Le 18 mai écoulé, des partis politiques, regroupements et mouvements socio-politiques ont pris l’initiative d’écrire au Secrétaire Général de l’Organisation des Nations-Unies, António Guterres. Le but de cette démarche est de demander à l’ONU de cesser son appui financier, matériel, technique et logistique du référendum de Jovenel Moise et tout autre soutien de nature à conforter le pouvoir dans ses visées antidémocratiques.
Cette demande se veut un ultime cri émanant de ces entités représentées notamment par l’ex- député Serge Jean Louis (Forces Nationales pour la Democratie FND), l’ex-sénateur Steven Irvenson Benoit (Entente Nationale pour une Transition de Rupture), le docteur Pierre Reginald Boulos (Mouvement pour la Transformation et la Valorisation d’Haiti, MTVAyiti) et l’ex-député Abel Descollines (Operasyon Tet Ansanm).
Dans cette lettre, ces entités prennent le soin de peindre une situation jugée chaotique dans laquelle patauge le pays depuis 2017 et dont la responsabilité pleine et entière incombe au régime au pouvoir, croient-elles. La criminalité, la banalisation de la vie, la corruption, les rhétoriques racialistes, l’intimidation politique et l’impunité sont devenus, selon elles, les traits marquants du régime en place dont le comportement sourd du président Jovenel Moïse et sa gouvernance dite mauvaise ont conduit, entre autres, à la destruction ou la vassalisation de nos institutions républicaines, selon les entités susmentionnées.
« Monsieur le Secrétaire Général, cette situation chaotique s’est installée dans notre pays en présence d’une mission des Nations-Unies ayant pour mandat explicite le renforcement des institutions et la promotion de l’Etat de droit. Aujourd’hui, le peuple haïtien est inquiet du comportement laxiste, voire complice des Nations Unies face au double coup d’Etat de Monsieur Jovenel Moise contre la Constitution haïtienne. En effet, le Président de facto, a décidé, d’une part, de se maintenir au pouvoir au-delà de son mandat constitutionnel et d’autre part, de changer la Charte fondamentale du pays, de façon unilatérale, par voie référendaire », s’alarment les signataires qui protestent contre le support du système des Nations Unies à ce projet qu’elles qualifient d’autoritaire.
« Grande fut notre déception d’apprendre que les Nations Unies ont choisi de donner leur agrément à une opération référendaire antidémocratique, irrespectueuse des lois de la République, par la signature, avec un tel gouvernement illégitime, d’un accord pour la gestion des opérations logistiques liées à un tel processus irrémédiablement vicié et largement contesté »,écrivent-elles
Ce projet, de l’avis de ces partis politiques, regroupements et mouvements socio-politiques cités plus haut, risque de causer encore plus d’instabilité dans le pays arguant que toute initiative de réforme constitutionnelle devrait engager toute la nation et se réaliser dans un cadre légal ou consensuel.
« Les Nations-Unies s’allient, ainsi, à une initiative qui risque de saper les fondements mêmes de la démocratie en contradiction avec les termes officiels du mandat de sa mission en Haiti.
Les signataires de la présente constatent que les 20 millions de dollars versés par l’Etat haïtien au basket found destiné au financement dudit référendum sont en train d’être utilisés par le PNUD en toute opacité alors que chaque jour des femmes enceintes et des enfants meurent par faute de soins de santé adéquats et que des jeunes exposent leur vie en mer à la recherche d’un mieux-être sous d’autres cieux » regrettent-elles tout en invitant l’Organisation Mondiale à mettre tout en oeuvre en vue d’un retour à l’ordre constitutionnel en Haïti et à encourager les démarches haïtiennes de concertation dans la recherche de solutions apaisantes et durables aux maux actuels.