« Le pays est en dépression économique », analyse Jean Baden Dubois qui rassure sur les conséquences des sanctions sur le système bancaire haïtien.
Pour la septième fois consécutive, le gouverneur de la banque centrale, Jean Baden Dubois a répondu, en ce début d’année, aux questions de l’économiste Kesner Pharel, à l’émission spéciale intitulée « Interview Leslie Delatour», le Grand rendez-vous économique. A brule pourpoint, il a mis l’accent sur l’activité des gangs criminels qui entrave la circulation des biens et des personnes dans certaines zones et exposé la croissance négative et le taux d’inflation élevé que connait le pays.
En octobre 2022, selon l’IHSI, l’inflation a atteint 47,2% et depuis 2019 le taux de croissance est toujours négatif : -1.7% ; -3.3% ; -1.8%, pour le dernier exercice 2021-2022, la croissance économique a été encore négative avec -1.7%, a indiqué M. Dubois avant d’affirmer que « il est clair que nous sommes en dépression économique, ce n’est même pas la récession. » Il a également évoqué des déséquilibres internes et externes qui agissent sur l’inflation et entravent l’économie nationale.
Jean Baden Dubois a indiqué que les déséquilibres, sur le plan interne, renvoient principalement au financement monétaire ajouté à d’autres chocs que nous avons créés. « La création monétaire à partir du financement monétaire est certainement très nocive pour l’économie. Au cours des trois dernières années, les financements monétaires arrivent à 42,9 milliards de gourdes, 49,5 milliards de gourdes et 49.2 milliards de gourdes », a-t-il dit soulignant qu’il en a parlé avec le ministre de l’Economie et des Finances,Michel Patrick Boisvert.
Toujours selon lui, « le financement monétaire induit l’inflation et la dépréciation de change. » Il a pris pour exemple l’augmentation de plus de 30% de la masse monétaire lors de l’exercice fiscal écoulé. « Du 1er octobre 2021 au 30 septembre 2022, nous sommes passés de 98 milliards de gourdes de monnaie en circulation, une composante importante de la masse monétaire, à 128 milliards de gourdes de monnaie en circulation. En décembre 2022, la quantité de monnaie en circulation a déjà atteint 132 milliards de gourdes », a-t-il informé.
Le gouverneur de la Banque de la République d’Haïti a évoqué, sur le plan externe, les déséquilibres liés à la balance des paiements. Selon lui, de nos jours, les importations de biens et services en Haïti se chiffrent à 5.4 milliards de dollars contre 1, 35 milliards de dollars US d’exportation. Notre balance commerciale est à quatre milliards de dollar US ce qui a un sérieux impact sur le taux de change. Aussi, les transferts sans contrepartie provenant de la diaspora, notre principale source de devises, sont passés de 3.9 à 3.7 milliards de dollars US sur l’année 2022.
Parallèlement, explique M. Dubois, les transferts expédiés à l’étranger ont augmenté en passant de 606 millions de dollars à 755 millions de dollars. Environ 40% des transferts expédiés d’Haïti vers l’étranger vont en République dominicaine qui se place devant les Etats-Unis pour ces transferts. Ceci s’explique en partie parce que les jeunes laissent davantage le pays pour aller étudier en république dominicaine notamment. Les universités privées du pays sont impactées par cette situation.
Le gouverneur de la banque centrale affirme que les investissements directs étrangers avaient atteint la barre de 50 millions de dollars américains en 2021 après la Covid-19, pour baisser drastiquement autour de 39.4 millions de dollars pour l’année 2021-2022. Il ne s’agit pas vraiment de nouveaux investissements mais des re-investissment qui viennent notamment des deux grandes compagnies de téléphonie mobile dans la technologie.
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