Éditorial

Pourra-t-on un jour éradiquer le fléau du kidnapping en Haïti ? Enjeux et défis

La société haïtienne fait face à un fléau terrible auquel elle n’était pas habituée : le kidnapping. En Haïti, les enlèvements contre rançon ont atteint depuis quelques années des proportions alarmantes. A telle enseigne qu’en 2021, le Centre d’analyse et de recherche en droits humains (CARDH) plaçait Haïti comme le pays avec le taux d’enlèvements par habitant le plus élevé au monde.

Personne n’est exempt. Durant cette dernière année seulement, des milliers de personnes ont été enlevées contre rançon incluant des enfants, des femmes, des religieux, des médecins, des professionnels, des personnalités publiques et des travailleurs humanitaires. Les traumatismes sur l’ensemble de la société sont énormes. Des vies brisées et des familles ruinées, bouleversées et désorientées. Le défi est de taille car une psychose de peur règne sur la zone métropolitaine de Port-au-Prince encerclé par les gangs.

Les raisons de la montée en flèche de ce phénomène dramatique en Haïti sont multiples. Devant le chaos politique, le retrait de l’état et la déliquescence des institutions, les gangs se sont multipliées. Aujourd’hui encore ils ont la part belle. Dans la capitale haïtienne, tous les jours, ils gagnent des territoires et se substituent à un état défaillant. Sous le regard passif des autorités policières, ils extorquent, pillent, violent, kidnappent et tuent en toute impunité. Ils bénéficient souvent de réseaux puissants dans le système judiciaire, dans la police et dans la presse. Vu l’ampleur sans précédent de ce phénomène, beaucoup pense qu’il n’existe pas de solution possible pour y remédier.

Cependant, il existe des mesures appropriées pour combattre efficacement ce fléau. Au début des années 70, la situation en Jamaïque était aussi alarmante que la situation haïtienne d’aujourd’hui. Cependant les jamaïcains ont pu redresser la barre. Pourquoi pas Haïti ? Une fois que des autorités légitimes élues manifesteront un désir ferme d’éradiquer ce phénomène, des solutions à moyen terme sont possibles. Il y a des recettes qui ont porté fruit un peu partout dans le monde. Il faudra s’en inspirer.

Coté répression d’abord, il sera nécessaire de mettre les forces de sécurité en état de combattre les criminels et les gangs. Pour cela, Il faudra un training et les moyens adéquats. Rien ne doit manquer à la PNH et à l’armée. Elles doivent disposer de munitions, d’hélicoptères, de drones, de moyens financiers, de munitions, de matériels informatiques, de capacités opérationnelles. Parmi les moyens essentiels, il faudra un service d’intelligence moderne, organisé, efficace. A côté des mesures répressives et inévitables pour mettre les délinquants hors d’état de nuire, il faudra inévitablement toucher à la question économique et sociale.

En Haïti, la crise est prioritairement économique et non politique. Chez nous, la misère est le terreau fertile de la grande criminalité et du kidnapping. Les gouvernements du futur devront travailler à renforcer l’économie et à créer des emplois pour réduire la vulnérabilité des populations. Une politique sécuritaire efficace doit marcher de pair avec des politiques économiques et sociales permettant de dynamiser l’économie et favoriser la création d’emplois.

Dans son combat à venir contre ce phénomène, Haïti bénéficiera d’un facteur clé. Les chefs de gangs impliquées dans le kidnapping sont connus des services de renseignement et de la population en générale. Bizarrement Ils sont actifs sur réseaux sociaux et se vantent publiquement de leurs méfaits. Géographiquement, ils sont également identifiés. Dans d’autres pays, les caïds du kidnapping ne sont pas aussi facilement identifiables ainsi que les quartiers à partir desquels ils opèrent.

Le premier ingrédient d’une stratégie de lutte contre est la volonté politique farouche de ne pas céder face au crime organisé. Ceci est primordial et capital. Dans les décennies à venir, le défi qui nous attend sera donc de doter les forces armées et policières des moyens nécessaires y compris de prisons pouvant accueillir les bandits pourchassés sans répit. L’enjeu est grand : la survie d’un peuple qui a conquis sa liberté au prix du sang de ses ancêtres. Sans une lutte efficace contre le kidnapping, aucun projet sérieux de développement économique n’est possible en Haïti.

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