Juno7 publie ci-après un texte signé John Morvan Colem qui présente ce mouvement ainsi que ses objectifs.
La situation économique, politique et sociale du pays n’est pas enviable et donne lieu à la fatigue et au découragement. La médiocrité tient rigueur la compétence. Le népotisme et le patronage politique expliquent l’inefficacité de l’administration publique. Cette dernière, dans toutes ses composantes, ne fait plus confiance à ses dirigeants qui sont de plus en plus corrompus. Leur façon de diriger le pays témoigne avec éloquence d’un mépris des besoins premiers d’Haïti et d’une nonchalance vis-à-vis des conditions matérielles d’existence précaires de nos concitoyens. Pour conséquence, le pays n’est pas dirigé et l’avenir de la jeunesse est davantage hypothéqué.
La justice sociale et la démocratisation sont des thèmes particulièrement pertinents en Haïti, qui a été pendant tant d’années gouvernée par la dictature. La transition vers la démocratie, pour laquelle tant de personnes ont courageusement lutté, a été une avancée majeure et incontestable. Mais la démocratie pour laquelle on a combattu, n’a pas tenu ses promesses, notamment parce que, du fait des politiques d’ajustement structurel, la chute de la dictature politique a été suivie par une autre dictature, celles de l’impunité et de l’injustice. Dans son sillage, sont venues par vagues les injustices les inégalités sociales, la pauvreté qui ont poussé les haïtiens, à se battre pour une démocratie plus authentique.
Face à ce constat, il faut développer une nouvelle vague de la théorie d’un mouvement social qui prenne en compte de nouveaux contextes, ceux « de la justice sociale, de l’économie, de la défense et la protection des droits sociaux et environnementaux ». Ce nouveau concept exprime la volonté, le dynamisme de la jeunesse haïtienne en Haïti et partout dans la diaspora sur l’importance de se mettre ensemble afin de de donner une nouvelle image aux différentes sphères de la vie sociale et politique du pays.
En analysant la situation d’Haïti, le constat est alarmant, plus de 80 % population vit au seuil d’une pauvreté extrême avec un revenu per capita ne dépassant pas $300 US par an. En constatant que plus de la moitié de la population a moins de 24 ans donc, la jeunesse haïtienne devrait représenter un formidable levier pour l’avenir du pays, mais elle est laissée pour compte. Les possibilités de formation sont souvent réduites plus de 500 000 enfants en l’âge de l’être ne sont pas scolarisés, Le taux d’analphabétisme s’élève toujours à 52%, à peine le quart des jeunes diplômes décrochent un emploi. Et encore, il s’agit là souvent des emplois précaires et informels.
Qu’est ce qui est à la base de tout cela ?
Les spécialistes locaux et internationaux sont unanimes à reconnaître que la mauvaise gouvernance, la corruption, l’impunité, l’instabilité politique, l’insécurité, l’injustice sociales sont, entre autres phénomènes, responsables du sous-développement d’Haïti. Les dispositifs mis depuis l’adoption d’une nouvelle organisation de l’Etat pour les prévenir sont jusqu’ici inefficaces et insignifiants. D’où la nécessité de les restructurer et de les adapter aux normes internationales en vigueur.
Quel en est le poids de la corruption, de la contrebande, de l’instabilité politique, de l’insécurité, de la mauvaise gouvernance, et des catastrophes naturelles dans le sous-développement du Pays ?
La corruption est une menace mondiale. Elle constitue un obstacle au développement économique », souscrivant au fait qu’elle « aggrave les inégalités et l’injustice, et compromet la stabilité, en particulier dans les régions les plus vulnérables du monde ».
Plus que jamais, une nouvelle classe politique s’avère inexorable pour redonner l’espoir à des milliers d’haïtiens et enclencher le développement du pays. Il est donc une obligation que la jeunesse s’érige en avant-gardiste du renouveau. C’est dans ce contexte que le mouvement social reconnu sur le nom de «Bat bravo pou lajenès» qui se veut un mouvement sociopolitique rassembleur, inclusif, fédérateur des forces progressistes, milite pour l’avancement et le développement du pays par la mise en valeur des ressources humaines compétentes du pays en dénonçant les pratiques corruptibles au plus haut niveau de l’État et de proposer de nouvelles alternatives.
Pour matérialiser ses objectifs, bat bravo pou lajenès entend :
- Dénoncer les corrompus et les corrupteurs.
- Donner une tribune aux gens qui font preuve de crédibilité et d’honnêteté dans la gestion de la chose publique et privée.
- Orienter le débat public vers les réels besoins de la population urbaine et rurale.
- Identifier les ressources humaines valables du pays et les encourager à s’impliquer dans la politique dans une perspective du renouveau.
- Promouvoir un discours libre susceptible de mettre en exergue nouvelle formule.
- Proposer de nouvelles alternatives basées sur la valorisation des ressources du pays.
- Promouvoir une nouvelle classe politique, une nouvelle classe sociale par la formation des nouveaux leaders politiques dans les collectivités territoriales.
- Dégager une synergie entre les différents groupes progressistes du pays
- Faire un plaidoyer pour une réforme des institutionnelle du pays.
- Influencer le prochain processus électoral pour l’émergence de nouveaux leaders.
Le mouvement « Bat bravo pou lajenès » n’est membre d’aucune plateforme politique ni de parti politique. Ce mouvement est en porte à faux à tous ceux et toutes celles qui ont participé de près ou de loin à la mauvaise gouvernance du pays dans les 35 dernières années. Toutefois, il se réserve le droit de parler à tous dans le but de mieux comprendre la dynamique politique du pays, afin de proposer une nouvelle alternative. Soulignons très clairement qu’il est impossible que bat bravo pou lajenès s’allie à un parti politique ou à un leader politique qui a dirigé au plus haut sommet de l’État durant les trois dernières décennies. Tout dialogue avec ceux qui ont dirigé le pays pendant ces 35 dernières années s’inscrira dans une démarche de compréhension de la real politik.
Bat bravo pou lajenès n’est pas réfractaire à l’idée de s’asseoir avec d’autres groupes qui partage sa vision de l’État et de développement d’Haïti. C’est un mouvement ouvert et inclusif. Cependant, il parait nécessaire d’attirer l’attention sur l’existence d’un critérium pour déterminer nos alliés et nos partenaires.
Par-dessus tout, aucune force sociale, politique, environnementale, culturelle et internationale ne devrait être ignorée si l’on veut atteindre le développement durable en Haïti. Un processus de planification intelligente et stratégique devient impératif. Sinon, nous serons condamnés à répéter les mêmes erreurs tragiques au pays.
JOHN COLEM MORVAN
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