Avec un président polygame, le Sénégal découvre la vie politique avec 2 Premières dames
Jamais dans l’histoire du pays le Sénégal n’avait compté deux Premières dames en même temps. A quelques minutes seulement de la fin de la campagne présidentielle au Sénégal, Bassirou Diomaye Faye s’avançait d’un pas mesuré sur une tribune en tenant la main de ses deux épouses, Marie et Absa. Une scène jamais vue dans l’espace politique national.
Applaudi par des milliers de sympathisants en liesse, le candidat de la rupture et du panafricanisme a fait le choix d’afficher ouvertement sa polygamie, une pratique traditionnelle et religieuse solidement ancrée dans la culture sénégalaise.
Méconnues jusque-là, Marie Khone, la première femme qu’il a épousée il y a quinze ans et avec laquelle il a 4 enfants, est originaire du même village que lui. Il s’est marié à la seconde, Absa, il y a un peu plus d’un an.
La polygamie est depuis longtemps sujet à controverse dans ce pays composé de plus de 90 % de musulmans mais l’apparition publique de « BDF » entouré de ses deux épouses a replacé le sujet au coeur des débats, dans les médias, sur les réseaux sociaux et au sein des ménages suscitant diverses réactions.
Pour l’ex-ministre de la Culture, la professeure d’histoire Penda Mbow, la nouvelle situation au palais présidentiel « est totalement inédite. Jusqu’à présent, il n’y avait donc qu’une seule Première dame. Cela signifie que tout le protocole doit être revu ».
En réponse à ses détracteurs, le nouveau président sénégalais, lui, assume totalement sa polygamie. « J’ai de beaux enfants parce que j’ai de formidables épouses. Elles sont très belles. Et je rends grâce à Dieu elles sont toujours à fond derrière moi », a-t-il déclaré lors de la campagne présidentielle.
Si elle est difficile à chiffrer car beaucoup de mariages ne sont pas enregistrés, 32,5 % des Sénégalais mariés vivent en union polygame, selon un rapport en 2013 de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie.
Toutefois en 2024, de nombreuses femmes au Sénégal se disent contre cette pratique, qu’elles jugent hypocrite, humiliante et injuste à leur égard. Sans oublier la commission de l’ONU pour les droits de l’Homme qui a jugé dans un rapport publié en 2022 que la polygamie constitue une discrimination vis-à-vis des femmes qui doit être éradiquée.
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