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Une population en fuite sans refuge à Port-au-Prince, une ville asphyxiée par les gangs.
Port-au-Prince, jadis le cœur battant d’Haïti, est aujourd’hui un théâtre de chaos où les gangs armés règnent en maîtres sur plus de 80 % du territoire. Les habitants, pris en otage par une insécurité galopante, fuient leurs quartiers dans une course désespérée pour échapper à la violence, mais trouvent rapidement leurs routes barrées. Dans cette capitale assiégée, les accès la reliant aux provinces sont totalement bloqués, isolant des millions de personnes dans un étau de peur et d’incertitude.
Le Sud et le Nord de Port-au-Prince, qui représentent les principales voies de communication avec les autres villes du pays, sont aujourd’hui sous le contrôle de groupes armés. Ces barrages criminels empêchent les citoyens de rejoindre les provinces, limitant leur capacité à chercher refuge ou à s’approvisionner en ressources essentielles. Les scènes de familles des quartiers de Solino, Bas Delmas et Vivy Mitchel, transportant le peu qu’ils peuvent dans une possession à pied pour s’éloigner des fusillades, sont devenues tristement banales.
Des quartiers du centre-ville, autrefois animés, sont devenus des zones fantômes où les rues sont désertes, les écoles ont fermé leurs portes, et les maisons sont pillées et incendiées. Les résidents n’ont d’autre choix que de quitter leurs maisons pour sauver leur vie, souvent sans savoir où aller. Mais cette fuite, bien qu’elle semble être une solution immédiate, conduit à une impasse : les routes principales sont infranchissables, et la violence les suit, peu importe où ils vont.
Un contrôle presque total des gangs
Selon des estimations récentes, plus de 80 % de Port-au-Prince est sous la coupe des gangs. Ces groupes armés ne se contentent plus de contrôler certains quartiers ; ils étendent leur influence sur des axes stratégiques tels que Martissant, Croix-des-Bouquets et Source Matelas, entravant les déplacements et paralysant toute forme de vie économique et sociale. La capitale ressemble désormais à une ville coupée en plusieurs enclaves, où chaque tentative de franchir les frontières invisibles entre territoires gangrenés peut s’avérer mortelle.
Les habitants racontent souvent aux médias leur quotidien sous la domination de ces groupes armés : racket, kidnappings, extorsion et massacres indiscriminés. Pour beaucoup, rester signifie risquer sa vie, mais partir est presque impossible.
La crise humanitaire qui découle de cette situation est alarmante. Les déplacés internes, estimés par des organisations à des dizaines de milliers, affluent vers des zones considérées comme plus sûres, notamment dans les hauteurs de la capitale ou vers des abris improvisés. Cependant, ces lieux manquent cruellement de ressources : eau potable, nourriture et assistance médicale sont presque inexistants.
Les organisations humanitaires peinent à atteindre les zones les plus touchées par la violence en raison des risques encourus, ce qui laisse les citoyens sans aide. Face à l’indifférence des autorités, ces Haïtiens livrés à eux-mêmes se posent une question lancinante : « Où allons-nous quand nous courons ? »