Le secrétaire général des Nations unies a déclaré mercredi qu’il était « préoccupé » par les conclusions de l’enquête des émissaires de l’ONU sur le massacre de La Saline. Il a également déploré l’absence de toute action judiciaire contre les personnes impliquées, rapporte Miami Herald.
« Les allégations de complicité d’au moins deux officiers de police et d’un représentant de l’Etat doivent pousser les autorités à agir rapidement pour traduire en justice les responsables de ces crimes », a indiqué António Guterres, dans ses premiers commentaires sur le Rapport de l’ONU sur la tuerie de novembre 2018.
Cette déclaration d’Antonio Guterres a été présentée dans un rapport au Conseil de Sécurité de l’ONU, qui avait demandé une enquête sur ce massacre. Il y dresse un tableau inquiétant de la situation générale en Haïti qui fait face à une recrudescence d’activités criminelles liées aux gangs, à une dégradation de l’environnement économique, à des vagues successives de manifestations antigouvernementales et d’allégations de corruption contre le président Jovenel Moïse.
Si les organisations de défense des droits humains en Haïti estiment à 71 le nombre de morts enregistrés dans ce « massacre d’État », les enquêteurs de l’ONU ont reconnu que leur travail n’était pas exhaustif. Selon eux, au moins 26 personnes, dont un enfant de 10 mois et un vieillard de 72 ans, ont été tuées. « Le massacre s’est déroulé sur deux jours et constituait une opération bien planifiée. Il a été mené par cinq gangs différents », révèle le rapport.
Sans mentionner le mot PetroCaribe, António Guterres a reconnu que la Cour des comptes avait fait la lumière sur certaines « allégations » de détournement de fonds dans ce programme. Cependant, il dit noter que peu de dispositions ont été prises pour traduire les coupables en justice et récupérer l’argent détourné.
Alors que Jovenel Moïse est accusé de détournement de fonds et cible d’une procédure de destitution à la Chambre des députés, Guterres s’est demandé comment le président peut-il nommer des juges suffisamment indépendants pour le mettre en accusation?
Par rapport aux appels au dialogue lancés par la communauté internationale, le diplomate a admis qu’aucun de ces efforts « n’avait porté des fruits ». Aussi invite-t-il les Haïtiens à emprunter la voie du dialogue. «Il est de la plus haute importance d’organiser un dialogue national constructif, complet et inclusif» a-t-il dit.
Source : Miami Herald