La cherté de la vie, l’insécurité et la précarité retardent la rentrée des classes pour de nombreux parents, tandis que le gouvernement tente d’apporter un soutien financier.
La rentrée des classes pour l’année académique 2024-2025 en Haïti, fixée pour ce mardi 1er octobre, se déroule dans un climat de profonde incertitude. Malgré la date annoncée, de nombreux parents, particulièrement dans la capitale haïtienne, ne sont pas encore prêts à envoyer leurs enfants à l’école. La rédaction de Juno7 a interrogé plusieurs d’entre eux qui expriment leurs inquiétudes concernant la situation socio-économique actuelle, marquée par la hausse incessante du coût de la vie et de l’insécurité persistante.
Des parents en difficulté face à la hausse des prix
Certains parents, interrogés par Juno7, se plaignent de la cherté des produits de première nécessité, rendant la préparation à la rentrée scolaire encore plus difficile cette année. “Avec les prix qui montent chaque jour, comment peut-on se préparer correctement ?” s’interroge une mère de trois enfants habitant à Port-au-Prince. D’autres ont exprimé leur frustration face à l’absence de moyens pour subvenir aux besoins de base, sans parler des fournitures scolaires, des uniformes et des frais de scolarité qui ne cessent d’augmenter.
Pour de nombreux foyers, cette rentrée des classes représente un défi supplémentaire, accentué par le fait que plusieurs parents n’ont pas encore récupéré les carnets scolaires de leurs enfants. “Les carnets de mes deux enfants sont encore à la direction, je n’ai pas pu les récupérer parce que je n’ai pas les moyens de le faire”, confie un autre parent. Cette situation illustre bien les obstacles économiques auxquels les familles haïtiennes sont confrontées à l’approche de la rentrée.
Des écoles transformées en centres d’hébergement
Parallèlement à ces difficultés financières, l’insécurité persistante dans plusieurs régions du pays a forcé de nombreuses familles à fuir leur domicile, aggravant la situation des établissements scolaires. Certaines écoles, notamment dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, où la violence des gangs fait rage, ont été transformées en centres d’hébergement pour des familles déplacées. Cela crée un obstacle majeur à la réouverture des classes, ces établissements n’étant plus en mesure de remplir leur fonction éducative.
La violence, qui continue de forcer des familles à quitter leurs foyers, prive ainsi les élèves d’un environnement d’apprentissage stable et sécurisé. Cette réalité ajoute une pression supplémentaire sur un système éducatif déjà affaibli par la crise économique et politique qui secoue le pays depuis plusieurs années.
Un soutien financier du gouvernement, mais est-ce suffisant ?
Face à ces défis, le gouvernement haïtien tente de prendre des mesures pour alléger la charge qui pèse sur les parents. Le ministre de l’Éducation nationale, Antoine Augustin, avait annoncé lors d’une conférence de presse que des dispositions ont été prises pour faciliter la rentrée scolaire. Parmi celles-ci, un soutien financier de 15 000 à 20 000 gourdes sera accordé à 280 000 parents d’élèves inscrits dans les écoles fondamentales publiques, communales et communautaires. Le gouvernement prévoit également de distribuer des manuels scolaires pour les classes de 1ère à la 4ème année fondamentale, ainsi que des kits scolaires, des uniformes et des bancs pour les élèves.
Le ministre Antoine Augustin a également dévoilé le nouveau calendrier scolaire, qui comptera 188 jours de classe et 11 jours de congé. Pour l’enseignement fondamental, 940 heures de cours sont prévues, tandis que l’enseignement secondaire bénéficiera de 1 128 heures de cours. Le ministère a pris soin de fixer la rentrée administrative et celle des enseignants depuis le lundi 16 septembre 2024 afin de préparer au mieux l’arrivée des élèves.
Une rentrée sous le signe de l’incertitude
Malgré ces mesures, la réalité quotidienne d’une grande majorité des parents et des élèves reste difficile, et de nombreuses incertitudes planent encore sur cette rentrée scolaire. La crise économique, l’insécurité, et les infrastructures scolaires, toujours plus sollicitées par les déplacés, rendent cette réouverture particulièrement compliquée pour de nombreuses familles.
Crédit Photo: UNICEF
