Sept mois seulement depuis sa création, Radio Sans Fin (RSF) se fait déjà un nom dans le paysage médiatique haïtien. Avec des expérimentés de la radiodiffusion dont Yvener Foeshter Joseph, Israël Jacky Cantave et Rospide Pétion, la radio qui émet sur le 97.5 et le 92.3 veut apporter du sang neuf et faire les choses autrement.
Radio Sans Fin, à travers sa mission entend « aider la société haïtienne à penser autrement sur son avenir mais aussi changer le discours social, économique et politique prédominant », a fait savoir Yvener Joseph.
Joint par la rédaction de Juno7, le journaliste affirme que son média veut également « renouveler » la question de la parole en Haïti. « Il est vrai que la démocratie accorde la liberté de parole, cependant l’usage qu’on en fait outrepasse les limites. On a l’impression que la démocratie n’établit aucune limite » fait-il remarquer. Un constat qui oblige le staff fondateur à faire choix des personnalités de la société civile, au sein de la classe politique et dans les sphères du pouvoir qui ont une autre parole. « Ceux-là qui ont une parole sur le changement, sur le développement » explique-t-il. « Rsf est cet effort pour qu’il y ait un autre comportement par rapport à la politique, à la gouvernance, à l’économie ».
Le rapport à la technologie est l’autre domaine où RSF fait déjà la différence. « On est très avancé technologiquement. Alors que l’Etat, à travers le Conatel, ne prend pas les dispositions nécessaires pour que le pays accède au numérique, on ne peut se le permettre ». C’est ce qui explique que RSF répond aux exigences technologiques actuelles. « Construire un média en 2018, 2019 demande une certaine différence au niveau esthétique, technique et même en termes de design. Peut être que si l’on avait créé ce même média vers les années 2000, 2005, on allait procéder de la même manière que les autres » a-t-il confié.
C’est ce qui explique également que RSF, malgré son jeune âge, transmet ses émissions en direct sur les principales plateformes numériques dont Facebook, Instagram, YouTube et Twitter. Et ce, simultanément. Pour Yvener Joseph, ce sont les plus jeunes qui maîtrisent de telles technologies car ils s’inscrivent dans l’avenir. Les anciens, comme ils les appellent, peuvent ne pas avoir d’intérêt pour ces technologies. « De nos jours, il y a une multiplication de « lives » sur les réseaux sociaux par les médias traditionnels. La réalisation de ces directs et la qualité des images retransmises illustrent leur retard et leur inadaptation aux nouvelles technologies » fait-il remarquer. C’est sa proximité à la technologie qui confère à Radio Sans Fin autant de visibilité et de popularité en seulement sept mois.
Si la question de fréquence pose problème en Haïti, RSF croit qu’il n’y pas lieu de compétir sur ce point. « Pendant qu’en Haïti on lutte pour une question de fréquence, à l’étranger, une seule fréquence peut supporter près de 13 stations de radio» rappelle-t-il. Ce qui importe, c’est le contenu, dit-il. Des contenus qui, selon lui, doivent participer à la gouvernance et au développement du pays. C’est ce qui explique que son média met de côté la question de fréquence. « On pourrait émettre sur mille fréquences, car ce n’est pas ce qui importe».
Abordant la question du retard de la télévision numérique en Haïti, le responsable rejette l’idée selon laquelle Haïti n’est prête ou n’a pas assez de moyens. Il croit plutôt que c’est liée à l’absence de savoir, de techniques que ne possèdent pas ceux qui veulent toujours avoir le monopole, ceux qui ne veulent pas que les choses changent si cela ne passe pas par eux.
C’est à partir de ce constat-là que les fondateurs de RSF ont décidé d’essayer ce projet novateur. Tous les contenus de la radio sont full- numériques. C’est ce qui leur permet de diffuser à travers le monde. « Alors qu’on peut bloquer quelqu’un (un média) en Haïti à travers les instances régaliennes, RSF franchit les frontières à l’aide de la technologie».
Emmanuel Pucot Paul