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Les sanctions contre des hommes d’affaires en Haïti pourraient causer la « défaillance du système économique haïtien », estime l’accord de Montana
Lors de leur rencontre avec la délégation canadienne jeudi dernier à Port-au-Prince, les représentants de l’accord de Montana ont réaffirmé leur position contre une intervention étrangère en Haïti tout en plaidant pour une assistance technique et logistique à l’État haïtien. S’ils se disent favorables aux sanctions , ils ont également souligné que des mesures pourraient avoir un impact négatif important sur le système économique et financier d’Haïti.
Plusieurs signataires de l’accord de Montana dont son président élu Fritz Alphonse Jean, son premier ministre Steven Benoît, entre autres, avaient rencontré la délégation canadienne présidée par l’Ambassadeur Bob Rae le jeudi 8 décembre 2022. Ils en avaient profité pour exprimer la position de cette structure sur divers sujets notamment l’envoi d’une force armée spécialisée en Haïti, le sort du gouvernement dirigé par le docteur Ariel Henry, mais aussi les sanctions imposées contre les gangs et leurs financiers en Haïti.
*Les sanctions imposées par le Canada et les États-Unis pourraient causer la « défaillance du système économique haïtien »*
Abordant la question des sanctions des gouvernements canadien et américain contre des politiques, des hommes d’affaires haïtiens, les délégués de l’accord Montana ont fait part de leur appui à ces mesures. « La délégation de l’Accord du 30 août 2021 / Accord de Montana appuie ces initiatives qui, outre leur caractère pénal, ouvrent la voie à un assainissement plus que nécessaire du système financier national», a fait savoir cette structure à travers un compte rendu signé de Marie-Christine Stephenson, membre de la coordination du Bureau de Suivi de l’Accord de Montana.
Néanmoins, ces délégués ont également plaidé pour que ces sanctions soient fondées sur des preuves juridiques. « Leur application devrait être impartiale et en aucun cas elles ne devraient être utilisées comme un moyen pour régler des problèmes politiques avec des patriotes conséquents qui défendent les droits et les intérêts de leur pays », ont-ils fait valoir.
Les délégués de cette structure ont également mis en avant les potentielles retombées négatives de ces mesures sur le système économique et financier d’Haïti, du système bancaire et de la chaîne d’approvisionnement de la sphère économique formelle. « De telles sanctions pourraient avoir un impact négatif important sur le système économique et financier d’Haïti du système bancaire et de la chaîne d’approvisionnement de la sphère économique formelle. En cas de défaillance du système économique haïtien, la coopération des pays et institutions impliqués dans l’application de ces sanctions pourrait s’avérer nécessaire », ont-ils avancé.
*Non à une intervention militaire étrangère en Haïti, oui à une assistance technique logistique et logistique à l’État haïtien*
Les délégués de l’accord de Montana ont réaffirmé leur opposition à une intervention militaire et policière en Haïti. Ils ont rappelé que les multiples interventions onusiennes et américaines en Haïti ont non seulement été très coûteuses avec peu de résultats mais ont également laissé des séquelles profondes tant au niveau de la société que de l’État.
Pour l’accord de Montana, la démarche du gouvernement en place est motivé par le seul objectif de cacher son bilan d’échec. Cette initiative, ont-ils souligné, est un fait inadmissible vis-à-vis de la Constitution haïtienne et à la lumière des principes d’auto-détermination des peuples et d’inviolabilité du territoire national.
Aussi, pour les représentants de cette structure, le renforcement des institutions sécuritaires nationales est le seul moyen de résoudre durablement le problème de l’insécurité. Elle préconise par exemple, la reprise du contrôle de tout le territoire, mais aussi des mesures spéciales de contrôle à l’embarquement dans les ports d’où proviennent une majorité écrasante d’armes et munitions, des sanctions contre les trafiquants illégaux d’armes, de munitions et de personnes (incluant le kidnapping).
La direction de ces actions, ont-ils plaidé, doit être sous l’obédience du nouveau gouvernement de transition. Quant à l’assistance technique, elle doit se matérialiser dans les domaines de la formation, de la logistique incluant l’accès aux instruments technologiques modernes, de l’accompagnement de l’Inspection Générale (IGPHN) dans son travail de vetting, dans l’équipement en armes et munitions, par l’adoption de mesures légales (investigations policières), par le renforcement de l’unité spéciale contre les gangs au sein de la police.
*Favorable à un pouvoir de transition consensuel, Montana estime nécessaire un départ négocié du gouvernement en place*
Les deux représentants de l’Accord Montana à cette réunion ont réaffirmé leur volonté à trouver un consensus national large pour sortir le pays de cette situation. « Dès sa gestation, Montana s’est basé sur une quête de consensus. Tout préalable à une sortie de crise suppose l’obtention de compromis crédibles entre les acteurs des divers secteurs de la société haïtienne », ont-ils fait savoir.
Cependant, pour arriver à des élections démocratiques et crédibles, pour récupérer la souveraineté nationale, rétablir et assainir les institutions effondrées de l’Etat, les membres de l’accord Montana soutiennent qu’il est impératif de rétablir sur une base consensuelle, transitionnelle et dans l’esprit de la Constitution de 1987, les 3 pouvoirs de l’État avec un Exécutif bicéphale.
Pour les signataires de l’accord de Montana, la situation du pouvoir politique actuelle caractérisé par un exécutif monocéphale a largement contribué à l’aggravation de la crise politique et sécuritaire du pays. Il est nécessaire et urgent de changer de gouvernance politique en Haïti, selon eux.
Pour justifier ce positionnement, ils évoquent l’incapacité de ce gouvernement en termes de sécurité, d’apaisement social, de lutte contre la corruption, de révision de la Constitution et d’organisation des élections après 16 mois d’exercice du pouvoir. Ils ont également mis en avant l’exacerbation de la crise multidimensionnelle, les manifestations permanentes sur tout le territoire national contre l’insécurité, la cherté de la vie, l’augmentation du prix de l’essence, entre autres.
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