Barikad Crew douze ans de participation, douze meringues et douze T, le douzième intitulé Transfòmasyon remporte le palme et reflète complètement le vrai sens du terme désigné comme titre pour la saison carnavalesque de 2018.
De forme et de fond, Barikad Crew (BC) a su produire cette année une meringue digne du nom. Quoiqu’il faille l’avouer, l’intro de la meringue nous fait un peu penser à Eddy François de Boukan Ginen.
Les »bloods » ne compte pas changer de formule, presque tous leurs »beats » ont un tempo similaire et garde le même concept. Ce qu’on a surtout remarqué c’est que les nouveaux absents n’ont en rien dérangé le groupe, c’est tout le contraire.
En six minutes environ Barikad Crew a produit le texte qu’il n’a encore jamais produit en matière de meringue et pour aller plus loin on pourrait dire que ce groupe a produit le meilleur texte tout simplement. Allons voir ça de très près …
Ils (les rappeurs du groupe) ont épuisé les premières minutes à faire le tour de tout ce qui a marqué l’actualité dans les mois qui se sont écoulés, notons que c’est l’un des rares groupes à mettre le doigt sur la déclaration humiliante de Donald Trump ainsi que l’affaire PétroCaribe dont les autres groupes n’ont pas été assez culottés pour en parler. C’est un bel exemple pour ces autres groupes pour qui la production d’une meringue est synonyme de diffusion de propos malsains et inutiles.
Pour produire ce qui pourrait être le plus beau message de tous ceux qui sont diffusés dans les meringues pour cette saison de carnaval, les gars de BC ont un peu suscité la fierté de notre histoire pour faire le point sur ces haïtiens pour qui un visa ou un permis de résider à l’étranger est synonyme d’El Dorado, en passant par les pseudo chrétiens qui laissent tout sur le compte du Bon Dieu et refusent de lever le petit doigt pour changer leur situation et réduire le taux de la misère du pays.
Ils apportent d’importants messages aux haïtiens, aux politiciens et à ceux qui croient qu’Haïti se trouve réellement sur la voie du changement. Transfòmasyon, une œuvre pour transformer nos yeux d’aveugles en clairvoyants, pour transformer l’éducation, nos mentalités, transformation pour la propreté, pour l’agriculture, transformation contre la corruption, contre la division, contre l’exploitation des jeunes filles (le sexisme au travail), contre l’exploitation humaine (les ouvriers des usines textiles et de couture), contre la négativité, contre le détournement des mineurs, contre le phénomène madam papa, contre la destruction d’un pays chargé de talents, de potentiels, qualifiés et compétents, des valeurs sûres; transformation contre l’exode massif des jeunes, transformation contre le black-out (car nous le savons tous Haïti est le pays le moins électrifié au monde); transformation de notre économie contre l’inflation, de notre système politique contre la corruption et l’incompétence, transformation des médias qui oublient qu’ils sont un vecteur d’information, de formation et d’éducation, transformation de notre condition vie. Bref, ils promeuvent une transformation d’Haïti.
Jamais BC n’a pu produire un texte aussi fort et aussi bien traité malgré les efforts effectués sur l’une de ces meilleure compositions intitulée Travay. A part Bricks qui a, par souci de réputation, causé une boulette en concluant son texte avec une histoire qui ne suit pas le pas, nous pouvons dire que le texte est satisfaisant.
Côté instrumental, c’est une formule non négociable, l’absence de chaleur des premières minutes est compensée par l’animation apportée par TonyMix et Brital. Nous espérons un parcours intéressant au Champ de Mars car la meringue promet beaucoup.
BC semble partir sur de bonnes bases pour tenir une performance hors du commun, il suffit que les bloods réussissent un sans-faute les trois jours et l’affaire sera classée. L’agence Juno7 de son côté, solde ce travaille par un record de 5 étoiles sur 5 niveau texte et de 3 étoiles et demi niveau instrumental, bravo BC.
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