William O’Neill, l’expert de l’ONU pour les droits de l’homme en Haïti, demande à Luis Abinader de reconsidérer sa décision de fermer la frontière haïtiano-dominicaine.
L’expert désigné des Nations Unies sur les droits de l’homme en Haïti, William O’Neill, a déclaré qu’il était « extrêmement alarmé » par la décision de la République dominicaine de fermer sa frontière avec Haïti. Il a demandé au gouvernement dominicain de reconsidérer cette décision.
« Je suis extrêmement alarmé par la décision du gouvernement de la République dominicaine de fermer sa frontière terrestre, maritime et aérienne avec Haïti. J’exhorte le gouvernement à reconsidérer sa décision qui aura de graves conséquences sur les populations des deux côtés de la frontière », a déclaré William O’Neill, à travers un communiqué de presse publié ce lundi 18 septembre 2023.
L’expert de l’ONU a également appelé les deux gouvernements à revenir à la table des négociations et à suivre le processus décrit dans la Déclaration commune du 27 mai 2021 pour résoudre pacifiquement ce différend. De l’avis de M. O’Neill, le gouvernement haïtien doit exercer son autorité sur toutes les activités liées au canal proposé autour de la rivière massacre du Rio (Dajabon) afin de garantir que les protocoles appropriés en matière d’ingénierie, de santé, de sécurité et d’environnement sont suivis.
Si le fonctionnaire onusien reconnaît que la fermeture de la frontière aura des répercussions économiques immédiates sur de nombreuses entreprises en République dominicaine, il a aussi souligné que l’impact sera encore plus désastreux du côté haïtien. « En raison de l’insécurité et de la violence des gangs en Haïti, de nombreux produits essentiels comme la nourriture, le matériel médical et les médicaments sont importés de la République dominicaine. […].Des vies sont en jeu », a-t-il expliqué.
M. O’Neill a également admis que la complexité de la situation en Haïti a un impact important dans la région et suscite des inquiétudes au sein de la société dominicaine. Néanmoins, il estime que la réponse à ces préoccupations passe par des mesures fondées sur les droits de l’homme et les principes humanitaires et une réponse solidaire à la lumière de la situation humanitaire dans le pays.
William O’Neill a réitéré la demande du Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres concernant l’autorisation de l’acheminement de toutes les formes d’aide humanitaire et de biens essentiels à Haïti. Ce, afin d’éviter d’aggraver davantage une crise déjà grave qui met particulièrement en danger les plus vulnérables, notamment les enfants et les personnes âgées.
Le président dominicain Luis Abinader a réitéré dimanche, lors d’une adresse à la nation, que la frontière avec Haïti restera fermée tant que la construction du canal autour de la rivière Massacre continue. Il a ignoré les appels des membres des organisations de la société civile dominicaine et de la classe politique de son pays à la réouverture des différents points frontaliers haïtianno-dominicains.
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