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Une émission spéciale de l’Association Nationale des Médias Haïtiens autour de l’insécurité.
« Leta kote w, sitwayen reveye w » c’est autour de ce thème que l’Association Nationale des Médias Haïtiens (ANMH) a réalisé ce dimanche 3 avril 2022, une émission spéciale sur l’insécurité notamment les actes de kidnapping. Des responsables de médias, des responsables d’organisations des droits humains ainsi que des psychologues et sociologues ont pris part à cette émission diffusée en multiplex pendant 4 heures sur plusieurs stations membres et non-membres de l’ANMH et sur les réseaux sociaux.
D’entrée de jeu, Jacques Sampeur, Hérold Jean François et Liliane Pierre-Paul respectivement responsables de Radio Antilles, Ibo et Quisqueya ont fait la cartographie de la situation sociopolitique du pays par rapport au phénomène de l’insécurité qui était au centre des débats. Pour Madame Pierre-Paul, la population doit être exigeante envers les autorités étatiques afin que ces derniers puissent prendre leurs responsabilités par rapport à cette situation. Ce premier panel a surtout abordé le point sur l’insécurité en Haïti, les trois intervenants ont expliqué l’irresponsabilité de nos autorités, la résilience de nos compatriotes obligés de quitter le pays face à cette situation dégradante pour aller vivre en République Dominicaine, États-Unis, France entre autres. Pour Jacques Sampeur, président de l’ANMH, ce n’est pas le moment de se plaindre ou de dénoncer mais plutôt l’occasion pour la population de se réveiller pour exiger de meilleures conditions.
D’autres figures connues de la vie nationale avaient aussi pris part aux discussions à travers cette émission spéciale menée par les journalistes Roberson Alphonse, Wendell Théodore, Marie Raphaëlle Pierre et Jean Monard Metellus. Dans un premier temps, Madame Jocelyne Colas Noël de la CJILAP a fait un rappel concernant les cas de mort violente qui ont été enregistrés en Haïti où pas moins de 893 cas ont été enregistrés en 2021. Dans un second temps, Maître Gédéon Jean, responsable du CARDH a aussi abordé la situation sécuritaire dégradante où la cellule d’observation de la criminalité (COC) du Centre d’analyse et de recherche en Droits de l’homme (CARDH) informe avoir recensé 225 cas de kidnapping pour le premier trimestre de 2022 contre 142 pour le premier trimestre de 2021, soit une augmentation de 58,45%.
Les deux responsables des organisations des droits humains voulaient montrer à quel niveau l’insécurité en Haïti bat son plein pendant que l’Etat n’est pas en mesure de donner une réponse urgente. C’est dans cette même optique que l’ANMH a planifié cette émission autour de ce thème demandant où est passé l’Etat tout en encourageant la population à se réveiller. <<Leta kote w, sitwayen reveye!>>.
Notons aussi la participation de Abdonel Doudou (Juri Média) et Marie Yolène Gilles (FJKL) par téléphone, eux aussi ont dressé un tableau sombre de la situation contraignant une grande partie de la population à vivre dans la peur et dans le stress surtout les enfants. En ce sens, le panel de l’émission a reçu les psychologues Ronald Jean Jacques et Béatrice Turnier qui ont essayé d’expliquer les conséquences psychologiques de la situation d’insécurité sur la vie des gens subissant les actes de kidnapping, viols et vols ainsi que chez certains qui ont développé des psychoses de peur. La dépression et le stress les envahissent au quotidien certains citoyens, font remarquer les spécialistes.
À la dernière ligne droite de cette émission, l’économiste Kesner Pharel a aussi placé ses mots en quelques minutes. L’économiste estime qu’une politique sécuritaire doit être établie par les dirigeants pour être exécutée par la PNH. Il plaide aussi pour une gestion efficace des ressources. Le journaliste Valéry Numa, également entrepreneur qui intervenait depuis la ville de Camp-Périn, département du Sud du pays, croit que les haïtiens finissent par s’adapter à la situation ou du moins ont fui le pays pour aller s’installer en terre étrangère.
Toutefois, le journaliste a indiqué que s’il n’y a pas un véritable effort pour un dénouement à cette situation, la population du Grand Sud sera touchée profondément. Valéry Numa a montré les conséquences à travers des explications: « vag ensekirite a li atake Sid lan anpil jan l fè l nan Pòtoprens lan. Ou genyen retonbe ensekirite ki nan nivo lwès ke kou santi trè trè fò. Lè w gen moun ki pa ka vini nan biznis ou, lè w gen randevou ki oblije rate », a-t-il déclaré.
Même constat du côté de Jude Édouard Pierre, agent exécutif intérimaire de la commune de Carrefour qui se plaint de cette situation occasionnant du même coup le mauvais fonctionnement de la mairie ainsi que d’autres entreprises dans ladite commune.
Pendant cette émission spéciale, des reportages des confrères journalistes sur l’insécurité et la misère ont été diffusés. Notons aussi qu’une citoyenne qui a été enlevée et a subi le viol a témoigné au micro du journaliste Roberson Alphonse pour expliquer cette tragédie tout en encourageant ses compatriotes d’espérer un lendemain meilleur.
Cette émission a été diffusée à l’occasion du 22ème anniversaire de l’assassinat du journaliste Jean Léopold Dominique le 3 avril 2000. Le gardien de Radio Haïti Inter, Jean Claude Louis, lui aussi a été assassiné le même jour. Depuis, le dossier de l’enquête sur ce double assassinat piétine. Dolorès Dominique Neptune, fille du défunt journaliste avait envoyé un texte à cette émission que Roberson Alphonse a pris le soin de lire une partie. Madame Dolorès a dressé le portrait de son papa tout en rappelant l’attachement de Dominique aux plus défavorisés. « Si Jean pa jwenn jistis ki moun ki ka jwenn li », a-t-elle questionné pour montrer la faiblesse de la justice haïtienne.
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