L’UNESCO annonce l’inscription des documents au registre « Mémoire du monde » de l’UNESCO, soumis par Haïti et la France, identifiant les esclaves dans les anciennes colonies françaises de 1666 à 1880.
L’UNESCO a annoncé, le mercredi 24 mai, l’inscription de 64 collections documentaires à son registre « Mémoire du monde », portant à 494 le nombre total de collections inscrites. Les inscriptions sur le registre « Mémoire du monde » avaient dû être suspendues en 2017, en raison de divergences entre Etats liées au processus de nomination. Cependant un important travail collectif a permis la refonte de la procédure. Les candidatures ont été relancées en 2021 et ont abouti, selon l’organisme, à la décision unanime du Conseil exécutif de l’UNESCO d’inscrire soixante-quatre nouvelles collections documentaires.
Parmi les 64 collections ajoutées cette année, trois inscriptions concernent la mémoire de l’esclavage : des documents proposés conjointement par la France et Haïti, d’autres conjointement par Curaçao, les Pays-Bas, Saint-Martin et Suriname, et d’autres par Maurice. Il s’agit des registres identifiant les esclaves dans les anciennes colonies françaises (1666-1880).
L’UNESCO rappelle que dans les territoires coloniaux français, l’esclavage a duré jusqu’en 1793 dans la colonie de Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti) et jusqu’à ce qu’il soit finalement aboli en 1848 dans les autres. Le statut civil étant refusé aux esclaves, considérés comme des biens et des instruments de production, peu de traces documentaires ont été produites sur leur identité ou leur vie. Le régime de l’état civil et des noms de famille en vigueur en France depuis le XVIe siècle ne leur était pas applicable.
Il existe cependant plusieurs ensembles de registres consignant les événements majeurs de leur vie, en raison du baptême catholique obligatoire et des modifications de la loi à la fin de l’ère de l’esclavage. Cette collection comprend les registres suivants : baptêmes, mariages et sépultures (plus tard : naissances, mariages et décès) ; émancipations; les personnes nouvellement libérées; détails ou numéros d’identification (et feuilles de recensement); annonces fugitives. Ces enregistrements sont importants compte tenu de l’énorme augmentation de la demande de recherches d’ascendance parmi les diasporas de personnes d’ascendance africaine au cours des 20 dernières années, a indiqué l’organisme.
La Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, citée dans un communiqué, a fait savoir que c’est la première fois depuis 2017 que de nouvelles collections documentaires ont été inscrites au registre ‘Mémoire du monde’ : c’est un signal très positif. « Je salue l’enthousiasme et l’esprit de coopération qui ont accompagné ce processus, avec plus de 20% des inscriptions soumises conjointement par plusieurs pays. Je remercie les Etats membres de l’UNESCO pour leur engagement et cette dynamique retrouvée en faveur de la protection de la mémoire collective », a-t-elle dit.
Parmi les 64 collections ajoutées cette année figurent les travaux complets du poète et philosophe Soufi Mawlana, soumis conjointement par l’Allemagne, la Bulgarie, l’Ouzbékistan, la République islamique d’Iran, le Tadjikistan et la Türkiye ; les disques et documents sonores de l’EMI Archive Trust – plus de 100 000 enregistrements, couvrant la musique, les traditions urbaines et rurales et les créations orales, de 1897 à 1914; ou encore les archives de la première réunion du Mouvement des Non Alignés, soumises par l’Algérie, l’Égypte, l’Inde, l’Indonésie et la Serbie.
Le programme « Mémoire du monde », créé par l’UNESCO en 1992, toujours selon l’organisme, vise à prévenir la perte irrévocable du patrimoine documentaire – des documents ou des collections de documents d’une valeur significative et durable, sur papier, audiovisuel, numérique ou tout autre format. Le programme vise à la fois à sauvegarder ce patrimoine et à le rendre davantage accessible au grand public.