Une semaine après le passage de Dorian sur l’île d’Abaco, les habitants cherchent désespérément à fuir le nord de l’archipel des Bahamas, entièrement dévasté par l’ouragan. Parmi eux, de nombreux Haïtiens qui attendent d’être évacués vers Nassau alors que l’aide promise par le président Jovenel Moise n’est toujours pas arrivée et qu’une enveloppe de $US 20.000 a été débloquée par la Chancellerie haïtienne, informe le ministre des Affaires étrangères, Edmond Bocchit, dans une interview à la journaliste Nancy Roc.
Selon un nouveau décompte annoncé vendredi 6 septembre par Erica Wells Cox, porte-parole du Premier ministre bahaméen sur la chaîne américaine NBC News, le bilan de Dorian s’élève à 43 morts mais « on s’attend à ce que ce nombre augmente de façon significative », a-t-elle prévenu.
Les rescapés ont commencé à être évacués vendredi 6 septembre. « Après une traversée de plus de sept heures, plus de 260 habitants de l’île d’Abaco, évacués par un ferry affrété par le gouvernement, sont arrivés au port de Nassau à la nuit tombée vendredi. Un second ferry devait arriver dans la nuit », indique l’AFP. Dans la ville de Marsh Harbour, sur l’île de Great Abaco, dans le nord de l’archipel, l’AFP a assisté à des opérations de collecte des cadavres. Environ 60 % de l’île a été ravagée et des milliers de personnes y sont sans abri.
Parmi elles, de nombreux Haïtiens cherchent par tous les moyens à fuir l’île : « Ici, nous allons mourir », témoigne l’Haïtienne Miralda Smith qui vit depuis trois ans à Abaco. « Je veux juste quitter l’île. On n’a pas d’eau, pas d’électricité. On est en train de mourir, c’est vraiment catastrophique », a-t-elle déclaré au journal français l’Obs, tout en espérant pouvoir retrouver son mari bahaméen à Nassau, la capitale des Bahamas.
Quid de l’aide d’Haïti ?
« Je suis en contact permanent avec le ministre bahaméen des Affaires étrangères, Darren Henfield, qui est aussi le député de la zone d’Abaco. Il m’a fait une description de la situation qui est très, très grave mais le gouvernement bahaméen commence à apporter de l’aide », nous a déclaré Edmond Bocchit, Ministre des Affaires étrangères d’Haïti, lors d’une interview samedi soir. « Il y a effectivement des Haïtiens qui n’avaient pas trouvé d’aide et c’est pour cela que nous avons demandé à notre Ambassade à Nassau d’être beaucoup plus agressive pour apporter les secours et rendre l’aide plus effective ».
Concernant l’aide envoyée par l’Hôpital Bernard Mevs, il a dit ne pas en avoir été informé officiellement mais par les réseaux sociaux ; « aussi j’ai transmis l’information à notre chargé d’affaires pour qu’il puisse s’assurer que l’aide soit livrée aux Haïtiens », a ajouté Monsieur Bocchit.
L’Hôpital Bernard Mevs vole au secours des victimes
Devant les premières images de la dévastation aux Bahamas, le staff de l’Hôpital Bernard Mevs « a été très affecté durant et après le passage de l’ouragan Dorian. Ce vent, cette montée des eaux ; ça a été très dur surtout d’entendre la population demandant de l’aide », déplore Christine Barrau, Assistante de Direction.
Aussi, « lorsque la compagnie d’ambulance Hero nous a contactés pour nous faire savoir qu’il y avait un avion de Air Mobile Ministries qui s’apprêtait à partir pour porter secours aux Bahamas et profiter de la même occasion pour transporter des dons ; Hero nous a fait parvenir une liste de besoins et les dirigeants de l’Hôpital ont, sans hésitation, donné leur accord pour notre participation à cette crise humanitaire », indique Madame Barrau.
Malgré la tension dans les rues de Port-au-Prince cette semaine et la pénurie de carburant, le staff de l’Hôpital Bernard Mevs a réussi à préparer quelques caisses des propres dons reçus pour aider l’Hôpital Mevs à fonctionner : « Nous savons ce que ces dons représentent, surtout en cas de crise ; nous avons donc fait un choix et préparé quelques caisses que nous avons remises à Hero. Aux Bahamas, la réception et la distribution des dons se feront par un comité d’urgence médicale et selon les besoins de chaque zone. Donc nous ne pouvons pas confirmer si ces caisses seront acheminées aux Haïtiens ; mais, si ce n’est pas le cas, ce serait malheureux », a souligné Christine Barrau.
Alors que les évacuations débutent, Monsieur Bocchit a déclaré avoir parlé au ministre des Affaires étrangères des Bahamas : « Il m’a assuré que les Forces armées des Bahamas étaient en action ainsi que la protection civile pour évacuer les gens. J’ai également évoqué notre préoccupation concernant l’absence de priorité de l’évacuation d’Haïtiens au profit des locaux ; mais il m’a assuré du contraire et m’a informé que les informations qui circulaient sur les réseaux sociaux étaient absolument fausses et qu’un tel fait serait inacceptable ».
Le Chancelier s’est également dit surpris d’apprendre que les numéros d’urgence qu’il avait transmis sur Twitter ne fonctionnaient pas : « J’ai même donné le numéro du chargé d’affaires et je lui ai parlé pratiquement tous les jours, sauf depuis qu’il est à Abaco parce qu’il y a des problèmes de communication. Je vais donc vérifier de nouveau pour savoir ce qu’il en est car tous ce numéros fonctionnaient ».
Qu’est-ce qui est prévu dans les jours à venir? « De notre côté, nous allons poursuivre nos contacts avec les autorités des Bahamas et avec notre Ambassade afin qu’elle puisse subvenir aux besoins de nos compatriotes. Nous sommes également en contact avec les différentes associations notamment la Ligue des pasteurs pour aider nos compatriotes à trouver des abris dès qu’ils seront arrivés à Nassau », a conclu Monsieur Edmond Bocchit.
Nancy Roc