Le Réseau National de Défense des Droits Humains, a acheminé ce jeudi 3 octobre à la rédaction de Juno7, un bilan non exhaustif des actes de violences enregistrés à travers le pays pendant les mouvements insurrectionnels qui ont débuté depuis le 16 septembre 2019 à travers le pays.
D’entrée de jeu, le RNDDH se dit alarmé par cette situation qui paralyse la totalité des activités socioéconomiques dans le pays, résultante, souligne-t-il, des politiques publiques mises en œuvre par les autorités actuelles. Ces protestations, ajoute le RNDDH, ont commencé depuis que les autorités haïtiennes s’autorisent à bafouer les acquis démocratiques du peuple haïtien et violent systématiquement ses droits civils, économiques, politiques et sociaux.
Pour la période allant du 16 au 30 septembre 2019, le Réseau National de Défense des Droits Humains dit compter au moins 17 personnes tuées dont 15 par balles,1 par asphyxie et 1 autre par accident : une écolière qui se trouvait dans les parages d’une barricade érigée par des protestataires à Portail Guêpe à Saint-Marc. Parmi les victimes tuées par balles, 9 ont été recensées dans le département du nord dont 6 d’entre elles au Cap-Haïtien. Les 3 autres victimes ont été recensées à Limbé. Elles ont été tuées le 30 septembre 2019.
Dans ce même bilan, le RNDDH fait état d’au moins 189 autres personnes blessées dont 117 par balle et 72 à l’arme blanche, par des pierres et des bouteilles. Parmi ces victimes, 46 ont été recensées dans le Nord, dont 21 blessées le 27 septembre 2019.
Le RNDDH indexe les agents du Corps d’Intervention de Maintien d’Ordre (CIMO) et de l’Unité Départementale de Maintien d’Ordre (UDMO). L’organisme de droits humains condamne les tirs à hauteur d’homme, les brutalités policières et l’utilisation abusive du gaz lacrymogène par des policiers notamment pour la période allant du 27 au 30 septembre 2019. Parallèlement, le RNDDH pointe du doigt aussi des zélés du pouvoir notamment ceux appartenant à l’armée progouvernementale « Ajivit ».
Le RNDDH recommande à l’inspection générale de la police nationale d’Haïti, d’ouvrir une enquête sur les actes de répression perpétrés sur la population par la police notamment par le Corps d’Intervention et de Maintien d’Ordre (CIMO) et par l’Unité Départementale de Maintien d’Ordre (UDMO) et de prendre, en conséquence, les mesures qui s’imposent.
Le RNDDH invite l’institution policière à tout mettre en œuvre en vue, d’une part, de protéger les vies et les biens et, d’autre part, de garantir aux citoyens et citoyennes l’exercice de leur liberté d’expression, un droit constitutionnel », écrit le RNDDH dans un rapport rappelant que la police, une institution apolitique, doit pouvoir se comporter professionnellement.
Le RNDDH recommande aussi à la Direction Générale de la Police Nationale d’Haïti de prendre toutes les dispositions nécessaires afin d’éviter que des civils armés ne prennent part aux opérations policières. De plus, tous les agents de la PNH affectés à la sécurisation des manifestations doivent être facilement identifiables et clairement identifiés conformément aux principes universels d’intervention policière.
En conclusion, le RNDDH dénonce aussi les attaques perpétrées par des manifestants contre des entreprises et maisons privées et des commissariats dans plusieurs villes du pays. « Rien que pour la période allant du 27 au 30 septembre 2019, pas moins de cinq (5) commissariats ont été attaqués par des manifestants : quatre (4), le 27 septembre 2019 et l’autre le 30 septembre 2019 », regrette le Réseau National de Défense des Droits Humains.