Reporters sans frontières (RSF) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), dans une correspondance adressée au Ministère de la Justice et de la Sécurité publique, se disent inquiètes face à l’accroissement des menaces et des violences envers la presse en Haïti et le manque de réponse adéquate de la part du gouvernement.
« Au cours de ces deux dernières années, RSF, le CPJ, et des organisations locales telles que l’Association des journalistes haïtiens ont fait état d’une augmentation de la violence envers les journalistes et les professionnels des médias. En de multiples occasions, des journalistes couvrant des actualités politiques ou des manifestations ont été pris pour cible par des manifestants, les forces de sécurité ou même des élus » avancent ces organisations.
Il est préoccupant, écrivent-elles, de constater que la police et les forces de sécurité censées assurer la protection des journalistes lors de l’exercice de leur métier peuvent en être eux-mêmes les agresseurs.
À titre indicatif, elles citent, l’incident survenu au Parlement au cours duquel le sénateur Jean Marie Ralph Féthière a blessé le journaliste Chery Dieu-Nalio après avoir ouvert le feu sur des manifestants. Mais aussi celui au cours duquel un policier a blessé le caméraman Edmond Agénor Joseph lors d’affrontements à Port-au-Prince.
Outre l’assassinat de Néhémie Joseph, les attaques et agressions de Raynald Petit-Frère, de Kendi Zidor et Luckson Saint-Vil, RSF et CPJ dénoncent la lenteur de l’enquête ouverte sur la mort de Rospide Pétion ainsi que l’opacité entourant celle concernant la disparition de de Vladjimir Legagneur.
« Le public a généralement accès à peu d’informations, quand l’enquête ne s’achève pas tout simplement sans aucune conclusion officielle ou poursuite judiciaire » déplorent ces structures.
Dans l’objectif de soutenir la liberté de la presse et mettre un terme au cercle vicieux de la violence et de l’impunité, les autorités judiciaires doivent envoyer un message clair et sans ambiguïté à la société en général, selon ces structures.
« Nous vous exhortons à exercer votre autorité de ministre de la Justice et de la Sécurité publique afin que toutes les mesures nécessaires soient prises pour que des enquêtes indépendantes sur l’ensemble des cas de violences contre les journalistes soient mener et pour en communiquer publiquement les résultats dans un délai convenable » écrivent Joël Simon, Directeur Exécutif du CPJ, Christophe Deloire, Secrétaire Général de RSF et Emmanuel Colombié de RSF Amérique Latine.