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Wideline Pierre apporte des précisions sur l’état d’avancement des travaux de construction du canal sur la Rivière Massacre.
L’architecte Wideline Pierre, porte-parole du comité du canal sur la rivière Massacre, lors d’une interview accordée à Juno7 a parlé de l’état d’avancement des travaux du chantier, de la solidarité des haïtiens et du manque de soutien de l’Etat haïtien qui pouvait faire avancer au plus vite les travaux. Elle pense que les travaux devraient se terminer au plus tard à la mi-janvier.
En effet, les paysans de la plaine de Maribaroux ont débuté les travaux le 30 août 2023. La société civile de Ouanaminthe a apporté sa solidarité le 6 septembre, date à laquelle le président Luis Abinader avait décidé de fermer la frontière avec Haïti. « C’est à ce moment-là que nous avons rejoint les travaux afin de supporter les paysans”, a déclaré Wideline Pierre au début de ses interventions.
Du 6 septembre jusqu’à ce jour, les travaux de construction du canal vont bon train. Les travaux de maçonnerie ont été effectués, les lignes d’adductions ont été réalisées ainsi que les chaînages et les poutres. “Nous avons crépis et enduit les murs. Nous avons construit un pont de passage pour les paysans de Ferrier et de Ouanaminthe. Nous avançons actuellement avec la construction du seuil qui est à plus de 40%”, a indiqué madame Wideline Pierre concernant l’état d’avancement des travaux.
Le canal principal se construit sur une longueur de 2,6 km d’après Wideline Pierre. C’est un canal tête-morte qui n’a aucun embranchement. « Il transporte l’eau de la rivière Massacre qui doit aboutir dans une autre rivière qui s’appelle Trop Plein qui n’a pas assez d’eau permettant aux paysans d’arroser la plaine”, a précisé la porte-parole du comité du canal.
Wideline Pierre a aussi souligné que des canaux secondaires et tertiaires seront construits au niveau de la Rivière Trop Plein. Ces canaux auront pour objectif de transporter l’eau au niveau de la plaine de Maribaroux confrontée à des sécheresses. Une situation qui complique la vie des paysans qui ne peuvent pas arroser leurs jardins.
Entre la mi-décembre et le début du mois de janvier 2024, les travaux de canalisation devraient se terminer
Si par le passé une étude d’une firme cubaine sous le gouvernement de Jovenel Moïse avait fait savoir que 1,3 Km du canal devrait rester en terre battue en raison de l’existence des sources d’eau, une autre étude des techniciens du comité du canal ont indiqué qu’un canal principal ne peut pas être en terre battue. « Il va finir par éroder. Il y a des moyens et des techniques pour récupérer les eaux provenant du sous-sol”, a dit Wideline Pierre avant d’expliquer longuement les techniques concernant la récupération des eaux qui ne sont pas encore réalisées au niveau du chantier.
Si aucune date concernant l’inauguration n’a encore été fixée, les ingénieurs qui travaillent sur le chantier ont fait savoir que s’ils ont tous les moyens nécessaires, ils pourront terminer avec la construction dès la mi-décembre. Mais, Wideline Pierre pense que si la mi-décembre n’est pas respectée, la finalisation devrait avoir lieu avant la mi-janvier 2024. Toutefois, l’architecte a précisé que ce ne sont pas des dates officielles mais plutôt des estimations.
Par ailleurs, Wideline Pierre a expliqué les difficultés auxquelles font face les techniciens au niveau du chantier. Selon la porte-parole, les engins lourds du ministère des travaux publics pourraient faciliter la construction du canal et réduire les dépenses liées à la location des matériels et livraison des matériaux. « 45 000 gourdes par camion pour la livraison des roches (…) Si nous avions eu des engins lourds sur le chantier beaucoup de travaux seraient réalisés simultanément”, a-t-elle lâché.
L’architecte Pierre invite l’Etat haïtien à prendre ses responsabilités
Malgré le support technique et financier qu’avait promis l’Etat haïtien, jusqu’à date le comité a reçu un support technique du Dr Ademus Joseph, originaire de Ouanaminthe qui a été envoyé par le gouvernement haïtien. La porte-parole invite l’Etat Central à prendre ses responsabilités envers le peuple haïtien. « C’est un État méprisant qui a nié sa population. L’Etat doit prendre ses responsabilités », a-t-elle déclaré fermement.
À rappeler qu’une délégation interministérielle avait rencontré le comité du canal. Lors de cette rencontre, les membres du gouvernement haïtien avaient annoncé au comité du canal engagé que des dispositions ont été prises pour irriguer la plaine de Maribaroux. Ils avaient promis une mission pour évaluer les besoins techniques et financiers afin que la construction se poursuive dans les meilleures conditions, avait rapporté une note du ministère de la communication.
Lors de ses interventions, Wideline Pierre a apporté des précisions concernant les rumeurs laissant croire que le comité allait remettre l’ouvrage à l’Etat haïtien pour manque de moyens. « Nous n’avons jamais dit que nous allons remettre l’ouvrage à l’Etat. Nous sommes conscients qu’il reste beaucoup de travaux à faire notamment au niveau de la Rivière Trop Plein pour les canaux secondaires et tertiaires. Nous avons demandé la solidarité de tout le monde pour continuer à supporter les travaux”, a-t-elle précisé.
Wideline Pierre a placé ses mots sur la relation commerciale d’Haïti avec la République dominicaine
Le conflit haïtiano-dominicain autour de la construction du canal sur la rivière Massacre a provoqué un ralentissement des échanges commerciaux entre les deux pays notamment dans la province de Dajabón. Cette situation a poussé la Fédération des marchands de Dajabón et plusieurs autres secteurs de la société civile de cette province à réaliser une activité intitulée “Grande Concentration de Réflexion” visant à exiger au gouvernement dominicain de lever les restrictions commerciales contre Haïti en vue de la réouverture de la frontière.
Au niveau de la plaine du Bas-Maribaroux, la production de riz se fait à 90% tandis qu’au niveau du Haut-Maribaroux les paysans ont produit des féculents dont le manioc ect. Il existe trois usines modernes de production du riz au niveau du département de nord’est.
Wideline Pierre a profité de cette entrevue pour dénoncer les relations commerciales entre Haïti et la République dominicaine qui pour elle est très déséquilibrée. « Nous n’avons vraiment aucun profit à tirer de cette relation. Ils ont dit que nous n’avons rien à vendre », a-t-elle déclaré avant d’ajouter que les dominicains aiment plutôt acheter du riz de la plaine de Maribaroux dans la contrebande.
Mardi dernier, un groupe d’individus armés et encagoulés a ouvert la barrière de la frontière haïtienne à Ouanaminthe sous les yeux passifs des forces de l’ordre. Ils ont commis cette action afin de reprendre les activités commerciales avec le pays voisin. Un vent de panique avait régné au niveau de la zone même des journalistes ont été victimes. « Lorsque nous avons décidé de fermer notre frontière, des dominicains avaient déclaré que s’ils voulaient s’opposer à cette décision, ils pouvaient payer des gangs en Haïti pour ouvrir la barrière », a souligné Wideline Pierre pour justifier des mains cachées derrière l’incident qui s’est produit à Ouanaminthe le 28 novembre dernier.
Wideline Pierre a remercié tous ceux qui ont apporté leur solidarité pour faire avancer la construction de ce canal de dignité. Elle a envoyé des salutations spéciales à des groupes et artistes qui ont contribué grandement dans la réalisation des travaux dont Zafem, Klass, Nu Look, Vag Lavi, Tony Mix, Wid, Anie Alerte entre autres.
Pour elle, ce canal est un symbole de l’espoir qui a montré que les haïtiens peuvent s’unir pour faire de très bonnes choses dans l’intérêt du pays. La population haïtienne dans un esprit de fraternité a montré la volonté de faire de très bonnes actions. « Nous avons un pays à construire. L’ennemi aime quand nous nous battons contre nous-même », a-t-elle conclu.